Arnaud Montebourg – LeWeb Paris : Quel équilibre entre l’innovation et modèles traditionnels ?
Yahoo – Dailymotion, taxations, Uber et les taxis…Le ministre du redressement productif fait éclater le consensus en laissant entendre que l’innovation doit être ralentie pour intégrer la résistance au changement.
(Update 13/12/13 à 00:23 : voir encadré en bas de l’article) Le passage d’Arnaud Montebourg à la session LeWeb n’est pas passé inaperçu alors que la visite du ministre du Redressement productif n’était pas vraiment prévue dans l’agenda de la grande messe IT organisée près de Paris.
A côté de Loïc Le Meur puis rejoint par Fabrice Grinda (Net-entrepreneur, business angel) et Jeff Clavier (SoftTech, investisseur français installé en Californie), le représentant du gouvernement vient discuter avec la communauté internationale des start-uppers, tout en défendant sa vision industrielle de la France et les initiatives prises en faveur de l’innovation. Globalement, la prestation a été moyennement appréciée au regard des commentaires sur Facebook ou Twitter. Mais Arnaud Montebourg garde néanmoins un certain panache en baignant dans un univers techno qui n’est pas forcément sa tasse de thé.
A propos des taxes, Arnaud Montebourg considère que la France affiche des niveaux similaires de taxation sur les plus-values associés aux start-up à ceux pratiqués en Californie.
On le critique assez souvent sur le sujet dans le monde anglo-saxon à propos du rachat avorté de Dailymotion par Yahoo. Arnaud Montebourg a sa ligne de défense : « Yahoo a tué beaucoup de start-up qu’il avait achetés auparavant (…) Il y a un problème de crédibilité avec Yahoo sur sa réelle motivation de garder des pépites. Or Dailymotion est un bijou précieux. Nous voulions un win-win deal. Mais Yahoo voulait manger Dailymotion. »
Insupportable aux yeux d’Arnaud Montebourg, au nom de l’Etat qui disposait d’un droit de regard sur les négociations en étant actionnaire d’Orange (propriétaire de la plateforme vidéos). Le ministre poursuit : « Je leur ai dit : ‘Ok, I want to keep my meal ! ( …) We are tough in business, I am sorry! ». Le ministre en profite pour glisser qu’un autre accord avec un partenaire américain « tout aussi respectable » est en train d’être dessiné avec Dailymotion.
Il est venu défendre le modèle français et limiter le French bashing qui tendrait à présenter la France comme un pays conservateur voire arriéré. « Bien sûr qu’il est possible de démissionner virer des gens en France, chaque jour, on le voit. Le progrès, c’est que l’on essaie de trouver de la flexibilité. »
Le cas de la société Internet californienne Uber et la concurrence entre les chauffeurs de taxis et les exploitants de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) en France ont marqué les esprits. Un cas spécifique selon Arnaud Montebourg (« les chauffeurs travaillent souvent en statut de travailleur » indépendants », esquisse-t-il en guise de circonstances atténuantes.
Arnaud Montebourg : des « points d’équilibres » à définir avec le disruptif
Les marchés « disruptifs » peuvent avoir de « bons effets » mais « il existe des problèmes avec des gens directement concernés qui ne peuvent pas accepter d’emblée les changements ». Loïc Le Meur a tenté de souligner la dimension surréaliste de ce délai d’attente de 15 minutes obligatoires. En fait, il s’agit du délai que le gouvernement a imposé aux VTC avant la prise en charge de leurs clients à compter du 1er janvier prochain). Et ce, afin que les taxis conservent un léger avantage. Ce sera difficile de mettre cela en pratique…
Arnaud Montebourg n’a pas vraiment cherché à rétorquer sur cet exemple précis. « Ce cas sera résolu avec de nouvelles pratiques », glisse-t-il. « Nous cherchons des points d’équilibres avec un mixte d’avis différents (…) Vous pouvez gagner de l’argent, développer des technologies innovantes mais il faut protéger les gens qui ne veulent pas changer de peur de voir leur business détruit. »
Sur les réseaux sociaux, les avis sont plus tranchés, jugeant la prestation du ministre décevante. En appuyant sur une citation suggérée au cours de la discussion à bâtons rompus : « We need to slow innovation to protect the old business », aurait déclaré le ministre (on a cherché cette phrase précise en revoyant le replay mais on n’est pas tombé dessus). Un tee-shirt rouge sur lequel est inscrite cette phrase choc circule sur le Net (photo ci-dessous). Un bon défouloir pour les pourfendeurs de l’action du gouvernement que l’on trouve dans la Net-économie.
Finalement, sur Twitter, Samy Rabih (@SamyRabih), développeur PHP chez @o2sources, a peaufiné une réaction qui résume bien la contradiction actuelle de l’exécutif : « Sérieusement, @fleurpellerin, vous voulez vraiment promouvoir les startups quand @montebourg veut défendre « le vieux business »? »
« Slow innovation », really ? L’origine du buzz |
(Update 13/12/13 à 00:23) On a retrouvé la source du malentendu concernant cette présumée déclaration d’Arnaud Montebourg : « We need to slow innovation to protect the old business ». Via Twitter, le journaliste David Abiker prête ces propos à Montebourg à #leweb2013 : « Il faut ralentir l’innovation pour protéger le vieux business ». Tout en reconnaissant jeudi soir qu’il n’avait pas vraiment refléter le fonds de la pensée du ministre du Redressement productif : « J’ai eu @montebourg à l’instant et me suis excusé d’avoir traduit expéditivement des propos avec lesquels j’étais en plus raccord. » |
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