L’Artificial Intelligence Center à Lyon, retenez bien ce nom. Car ce futur complexe immobilier pourrait devenir le symbole d’une alliance industrielle et technologique dédiée à l’IA. Patientons un peu : le projet « ambitieux » n’en est qu’à ses prémices.
Des détails sur les contours de ce futur pôle d’innovation réunissant des acteurs industriel ont été fournis cette semaine à l’occasion du Web2Business par les deux principaux instigateurs : Franck Prime (P-DG de One Place, qui organisait ce congrès dans l’enceinte du siège parisien du MEDEF) et Bruno Salanville (cofondateur et associé de Citycart, qui exploite une flotte de livreurs géolocalisée circulant en véhicules électriques).
Juste avant la reprise des sessions de l’après-midi, ils ont fait un point d’étape du projet émergent. L’heure est à la présentation de la configuration générale.
« L’AI Center Lyon est un projet immobilier qui a vocation à devenir une mini-ville pour réunir des chercheurs, des experts, des faiseurs », évoque Franck Prime. C’est un projet porté par une quinzaine de personnes en l’état actuel, en dehors de One Place.
Néanmoins, la société d’organisation du Web2Business pourrait être mise à contribution au regard de sa base de données de 8000 contacts pros du digital et pourrait monter un salon événementiel pour mettre l’Artificial Intelligence Center sur un piédestal.
« On fera appel aux centres de recherche et aux entreprises. On commence le montage d’ici 15 jours. On y verra plus clair en juin », précise Bruno Salanville.
Les créateurs égrènent quelques noms de sociétés qui seraient prêtes à apporter leur soutien : Rolex, Bosch et BMW. A terme, le projet de pôle IA à Lyon devrait fédérer 150 marques.
Dans une interview accordée à ITespresso.fr en avant-première, Franck Prime avait avancé un projet d’un montant dépassant la centaine de millions d’euros.
L’impulsion sera surtout portée par le secteur privé, selon les instigateurs. Mais il y aura aussi « un travail avec les collectivités ». « On s’est donné un timing de cinq ans », précise Franck Prime sur scène en relais avec son acolyte.
Les deux instigateurs restent vagues sur la localisation géographique de ce futur pôle à Lyon. Un espace d’une superficie de 10 000 mètres carrés rattaché à un ancien hôpital (sur 60 000 mètres carrés) pourrait servir de socle mais cela demeure juste « une piste d’investigation ».
Une première configuration apparaît à la lumière des éléments fournis sur le premier site vitrine de l’Artificial Intelligence Center (accessible via http://www.webuildyourfuture.fr/).
Cinq chaires thématiques sont d’ores et déjà fixées : robotique/IoT, énergie/smart cities, application de technologies hybrides, e-éducation et e-santé.
Franck Prime et Bruno Salanville mettent l’accent sur la dimension de la recherche open AI ou comment fédérer les ressources pour avancer dans un mode collaboratif.
En particulier à travers un « Open Research Room » accessibles aux entreprises cherchant à mutualiser les moyens en fonction de leurs centres d’intérêt. Un FabLab est également annoncé dans l’enceinte de l’AI Center.
« En France, on recense 68 centres R&D sur l’intelligence artificielle », déclare Bruno Salanville. « Il y a beaucoup de projets publics mais la recherche est cloisonnée. »
Tout en poursuivant : avec ‘l’Open Research Room’, nous voulons monter un lieu unique et collaboratif pour l’apprentissage, la découverte et le partage avec les sociétés investissant dans l’IA. »
Ce concept de « lieu de brassage » servant « d’agora fédératrice » risque toutefois d’être confronté à la réalité : une concurrence acharnée au niveau global entre acteurs industriels cherchant à s’approprier ce domaine scientifique en pleine effervescence et à s’accaparer les fruits de l’innovation en vue d’une exploitation commerciale.
C’est ce qui se dégage rien qu’en regardant la bataille menée par le club GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) voire en élargissant au trio des BAT (Baidu, Alibaba, Tencent).
Alors l’idée d’un centre de recherche ouvert spécial IA risque d’être considérée comme de l’évangélisme…Et pourtant, elle fait son chemin.
Dans une tribune diffusée dans l’édition des Echos en date du 28 mars, Charles-Edouard Bouée, CEO du cabinet conseil Roland Berger, appelle de ses vœux à la création d’un « open AI » européen.
« Une plateforme ouverte et à but non lucratif qui fédèrerait tous les acteurs (chercheurs et entreprises, institutions) travaillant sur le sujet pour démultiplier les compétences techniques ».
La France est entrée dans une phase stratégique à propos de l’IA. Axelle Lemaire, alors secrétaire d’Etat au Numérique et à l’Innovation, avait commencé à sonner la mobilisation avec France IA.
Parallèlement, une multitude de conférences et de rapports (France Stratégie, Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques du Sénat…) a jailli sur la manière de brasser le machine learning et le deep learning.
La genèse de l’Artificial Intelligence Center de Lyon est une idée stimulante sur le papier. Mais ce sont les modalités de l’exécution d’un tel projet ambitieux et sa concrétisation qui seront scrutés.
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