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ASP : « J’y vais ou j’y vais pas ? »

VNUnet : Qu’est-ce qui pourrait vous attirer dans le modèle ASP ?

Stéphane Berterretche :Actuellement, nous avons en interne un informaticien qui s’occupe de la gestion de

notre matériel informatique. Il est donc confronté à la gestion, à lui tout seul, de l’ensemble de notre parc informatique, que ce soit pour des petites tâches, pourtant essentielles, où tout simplement pour des projets plus importants. Et aujourd’hui, notre DI, qui s’occupe essentiellement du passage à l’euro, a du mal à trouver du temps pour s’occuper de certaines tâches. Externaliser certaines applications nous permettrait de décharger notre informaticien, qui pourrait alors se concentrer sur le développement de notre coeur de métier. La question, toutefois, est de savoir si on préfère embaucher un deuxième informaticien ou externaliser certaines applications.VNUnet : A l’inverse, qu’est-ce qui pourrait vous empêcher de migrer vers un modèle ASP ?

Stéphane Berterretche :Lorsque Pentland a démarré son activité en France, la société était très petite et n’avait pas les moyens d’avoir un informaticien en interne. Nous avions donc recours à une société tierce pour la gérance de notre parc informatique. Cette solution était très contraignante car

en cas de panne, nous n’étions jamais certains de disposer immédiatement de l’appui de cette SSII. J’ai peur de retrouver ce système avec le modèle ASP. Aujourd’hui, les acteurs promettent tous des interventions 7 jours sur 7, mais qu’en sera-t-il lorsqu’ils auront plusieurs clients ? Est-ce qu’ils pourront toujours répondre aux desiderata de leurs client ? Rien n’est moins sûr. Avec le modèle ASP, j’ai peur de ne pas trouver le degré de réactivité et la souplesse de travail que j’ai en ce moment.

Enfin le deuxième gros frein concerne les temps de communication. Aujourd’hui, j’ai une ligne spécialisée entre mon serveur basé à Antony et ma société située dans le centre de Paris, et j’ai parfois des temps de réponse variables. Pourtant, je paie 250 000 francs par an pour assurer ma connexion avec mes différents sites. Alors, si en plus j’augmente le trafic sur cette ligne, cela va augmenter les temps de communication. Ce sont autant de temps d’attente que je ne peux pas me permettre. VNUnet : Est-ce que l’idée de voir vos données sur le réseau pourrait vous inquiéter ?

Stéphane Berterretche :Le problème de la sécurité des réseaux ne m’inquiète pas. En revanche, ce qui m’inquièterait plus, c’est de voir mon hébergeur avoir au sein de son data center un de mes concurrents. Je pense que l’hébergeur devrait s’engager à ne pas avoir de clients concurrents. Se faire pirater une information sur le réseau n’est très pas très grave en soi, mais détenir toutes les données d’une entreprise est très différent. En étant un peu paranoïaque, on peut imaginer qu’un client puisse faire pression sur son hébergeur pour avoir accès aux informations de l’entreprise concurrente. VNUnet : Malgré toute ces inquiétudes, quelles sont vos applications qui pourraient être externalisées ? Et à l’inverse, quelles sont celles qui ne pourraient pas l’être ?

Stéphane Berterretche :Aujourd’hui, Pentland France est propriétaire de toutes ses applications et machines. Ce qui veut clairement dire que l’externalisation ne pourrait être envisagée que dans le cadre d’un renouvellement ou d’une extension de notre système informatique. Sur ce dernier point, il est vrai que nos serveurs commencent à montrer leurs limites. Au lieu d’en racheter, il est clair que l’idée d’externaliser par exemple des AS 400 est intéressante. Dans la même logique, tout ce qui relève de la messagerie, de la bureautique ou même de la comptabilité peut très bien être externalisé. Depuis peu, on entend les acteurs du monde de l’ASP expliquer que les entreprises peuvent externaliser leur ERP. J’en doute, surtout si elles sont propriétaires

de l’application. C’est un type d’application tellement complexe à mettre en place, qu’une fois qu’elle est installée, on n’y touche plus. Concernant notre cas, notre ERP n’est pas standard. Environ 30 % de notre ERP est spécifique à notre métier. Nous savons comment cela fonctionne. Et je vois mal l’hébergeur prendre son temps pour s’occuper de développer ces fameux 30 %. Or, il n’est pas possible pour nous de migrer vers un système standard. De ce fait, on est obligé d’avoir en interne notre ERP et donc un informaticien pour gérer cette application lourde. Dès lors, la problématique est simple. Plus l’entreprise grandit, plus elle dispose de moyens en interne pour gérer ses applications. Elle n’a donc plus forcément besoin de se tourner vers l’ASP car elle dispose alors en interne de quelqu’un dédié à la gestion de son système informatique. Ce qui me fait dire que le modèle ASP est surtout adapté à de très petites structures qui ne peuvent assurer à la fois leur coeur de métier et le développement de leur informatique. Nous concernant, je pense que nous avons déjà dépassé la taille critique pour l’ASP.VNUnet : Aujourd’hui, le modèle ASP arrive aussi dans le domaine de l’EDI. Cela vous semble-t-il pertinent ?

Stéphane Berterretche :Franchement, je ne sais pas. Mais à une certaine époque, nous avions failli, avec un de nos clients, installer une station EDI pour nos échanges. Finalement, le projet est tombé à l’eau. Je ne le regrette pas. Je ne pousse vraiment plus l’entreprise dans cette voie, car je suis persuadé que l’avenir est ailleurs. Notamment au travers de portails d’entreprise et de places de marché. A titre d’exemple, la Fédération européenne de la chaussure vient d’annoncer un nouveau langage propre à ce secteur [voir le dossier d’Informatiques Magazine : Echanges B to B, Ndlr]. Ainsi, les acteurs de la chaussure pourront communiquer via des places de marchés sur Internet.VNUnet : Votre impression sur le secteur de l’ASP ?

Stéphane Berterretche :Je m’informe sur ce secteur depuis deux ans. C’est vrai que cela a pas mal bougé. L’an passé encore, il y avait beaucoup de littérature. Aujourd’hui, les offres semblent être là. Malheureusement, les sociétés ASP sont un peu victimes de la jeunesse de ce marché. N’ayant pas beaucoup de clients, on peut imaginer que les ressources en interne de ces acteurs sont faibles afin de limiter les coûts. Et donc le prospect peut se demander à juste titre si l’ASP a les moyens suffisants pour répondre correctement à ses attentes.

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