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Autonomy 2017 : embouteillage sur la route des « nouvelles mobilités »

[Article mis à jour le 31 octobre 2017 avec les précisions d’Allianz et de Cityscoot]

Elle était là, tout au fond, occupant le stand le plus proche de la sortie, avec une vue sur la piste de démonstration où les gyroroues se mêlaient aux gyropodes : emplacement plus symbolique que stratégique pour la Ville de Paris sur Autonomy 2017.

La deuxième édition de ce salon dédié aux « nouvelles mobilités » aura laissé entrevoir le défi qui attend la municipalité à l’heure où le marché prend des airs de foire d’empoigne.

De nombreux acteurs ont choisi la capitale comme terrain d’expérimentation en France. À commencer par les services de vélopartage venus d’Asie.

Un embouteillage est à prévoir sur ce segment que lorgnent des sociétés comme Gobee, oBike et Ofo.

La première a déjà franchi le pas, en s’installant il y a deux semaines, dans la lignée de son arrivée à Lille.

Fondée à Hong Kong par le Français Raphaël Cohen, elle bénéficie du soutien d’Alibaba. Le groupe chinois a participé cet été à un tour de table de 9 millions de dollars également souscrit par le fonds Grishin Robotics, derrière lequel on trouve l’un des fondateurs de la société Internet russe Mail.ru (Dmitry Grishin).

Vélib’ et les autres

Lui aussi accompagné par des poids lourds (nommément, le fabricant high-tech Xiaomi et l’exploitant de services de transport Didi), Ofo dispose, sur le papier, d’une force de frappe encore plus importante, ayant levé plus d’un milliard de dollars.

Point commun entre tous ces acteurs : ils fonctionnent sur le principe du « free-floating », c’est-à-dire sans points d’attache pour les vélos, dotés d’une puce GPS qui permet de les géolocaliser via une application mobile – également utilisée pour les déverrouiller.

Quel impact prévoir sur l’usage des Vélib’ et leurs 200 000 abonnés longue durée ? Le consortium Smoovengo, qui doit reprendre l’exploitation du service aux dépens de JCDecaux, admet se poser la question à l’heure où démarrent les travaux de génie civil destinés à poser le nouveau mobilier de stationnement.

Du côté de la Mairie de Paris (qui a présenté officiellement hier les deux versions de la nouvelle bicyclette qui seront mises en service en janvier prochain), on assure scruter le marché et se tenir prêt à prendre les mesures nécessaires. On ne confirme toutefois pas avoir convoqué une réunion au mois de novembre – ce que prétend oBike.

La firme venue de Singapour reconnaît que la France – actuellement couverte par une équipe de trois personnes – présente des « différences culturelles » par rapport aux pays asiatiques. Elle veut toutefois croire que la géolocalisation des vélos limitera les actes de vandalisme.

Sur ce volet, on aura assisté à une guerre ouverte dans les allées d’Autonomy, concernant tout particulièrement concernant les éléments avancés par Challenges sur le parc Vélib’ : 44 % du parc aurait été touché en 2014.

Scoot ou moto ?

La concurrence est tout aussi vive chez les deux-roues motorisés.

Le « free-floating » s’y est développé sous l’impulsion de Cityscoot, qui a levé 15 millions d’euros l’an dernier. Face à ses nouveaux concurrents Mober (d’origine française, lancé l’an dernier) et COUP (d’origine allemande, accessible depuis le mois de juin), elle avance l’argument de la disponibilité : sa flotte, exploitée à Paris et dans quatre villes voisines, compte 1 600 scooters.

En façade, Cityscoot ne s’inquiète pas des risques de vandalisme, « minimisés par la technologie de verrouillage embarquée ».

Sur la question des critiques qui remontent à propos du « stationnement sauvage », l’entreprise affirme que le problème est plus dû à la pénurie historique de places qu’au concept du free-floating.

Elle précise néanmoins traiter « chacune des remontées qui [lui] sont faites par des utilisateurs ou des riverains », puis adresser un e-mail à la personne qui a garé le scooter… et éventuellement le déplacer dans les cas les plus critiques.

Il y aussi ceux qui, plutôt que de gérer une flotte de deux-roues, jouent la carte de la mise en relation. C’est le cas de Beeride, dont le cofondateur Sami Chamam assure « avoir appris des erreurs de Heetch » (qui parvient à rebondir malgré ses ennuis judiciaires).

La start-up, qui cible les trajets en moto dans Paris et sa banlieue, a basé ses tarifs sur les barèmes kilométriques publiés au Bulletin officiel des finances.

Les passagers sont libres de donner plus que le montant recommandé (sur lequel Beeride prend 20 % de commission), mais dans tous les cas, l’activité n’est pas censée être lucrative pour les motards : elle doit simplement permettre le partage de frais, sur le modèle d’un BlaBlaCar.

Jonctions opportunes

Ces « nouvelles mobilités » sont aussi un levier pour les assureurs.

Le cas d’Allianz, qui s’est greffé à Cityscoot et à Drivy (location de voitures entre particuliers), en témoigne. Un partenariat est également en cours avec Uber.

Pour certains, le développement du marché est synonyme de premiers pas dans l’univers BtoC.

BeNomad est dans ce cas. La PME française, qui édite depuis 2002 des outils logiciels de cartographie, décline l’application de navigation associée à sa solution MoVE (gestion de flottes de véhicules électriques) en une version payante à destination du grand public.

D’application, il est aussi question chez Renault, pour accéder à un service de location de véhicules disponible en 24/24 sur une quinzaine de parkings Vinci dans et autour de Paris.

Une partie du parc reste composée de véhicules à moteur thermique. Ce que ne manquent pas de faire remarquer certains exposants dans le voisinage, non sans en appeler, en prenant l’exemple des pays scandinaves « où les taxis en Tesla sont monnaie courante », à davantage d’aides publiques face au « lobby de l’essence ».

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