Directeur adjoint de l’ESN FWA, Robert Bentz revient sur le paradigme de la transformation digitale et ses enjeux pour les entreprises.
Pour voler vraiment, l’homme a arrêté d’imiter les oiseaux ! S’il n’y avait pas eu quelques fous pour sortir du cadre, nous aurions des compagnies aériennes qui ressembleraient peut-être à Albatros Airlines (Bernard & Bianca), et nous verrions l’A380 courir sur la piste en battant des ailes !?
La « transformation numérique des entreprises » relève strictement de ce paradigme. Les entreprises doivent définir ou redéfinir leur vocation, leur but, et surtout les moyens de l’atteindre.
L’entreprise doit rechercher sans cesse à se renouveler et travailler en faisant pratiquement table rase de l’existant des processus, des méthodes, et ne surtout pas s’encombrer avec les usages et la tradition.
C’est de ce constat que peuvent naître des logiques, des moyens, des solutions pour atteindre les objectifs de l’entreprise, en utilisant des voies qui sortent de l’ordinaire.
À ce jour, Uber répond à l’objectif de transporter individuellement des personnes. Les solutions développées pour satisfaire cet objectif sont basées sur les technologies et moyens disponibles.
Dans une moindre mesure les VTC et les « taxis motos » satisfont le même objectif avec un modèle qui reste assez proche du taxi traditionnel.
Indépendamment des conflits que l’arrivée d’Uber suscite, il est pertinent de se poser la question : « Pourquoi les taxis n’ont pas fait eux même, ce qu’a proposé Uber ? »
Les exemples de cette nature sont foison, et les entreprises aujourd’hui ont parfaitement compris que si elles voulaient être dans la course, il fallait « bouger » sous peine d’éventuellement disparaître par l’arrivée de concurrents non identifiés comme tels et déployant une offre plus moderne.
Un tout autre exemple, les constructeurs automobiles établis depuis des décennies voient arriver les voitures électriques et voiture sans chauffeur.
Globalement l’industrie classique a bien réagi avec les véhicules hybrides et aussi l’automatisation de la conduite. Mais la surprise la plus étonnante reste celle des « pure players » comme Tesla pour la voiture électrique ou une branche d’Alphabet pour la voiture autonome.
Nous sommes confrontés au fait que les nouveaux industriels n’assurent pas une transition, ils innovent sans préserver le passé. Leur recherche se fait sur terrain vierge, l’expérience du passé ne les encombre pas et c’est un avantage concurrentiel certain.
Les entreprises doivent « sortir du cadre », et ne plus hésiter à faire appel à des ressources extérieures, sans leur vécu, qui est un handicap au mouvement.
La transition numérique est plus clairement définie par la disruption que la transition. La disruption n’est pas une rupture, ni une transition, c’est une solution qui satisfait le même objectif, mais par des moyens différents, et innovants.
Alors il est impératif que les entreprises arrêtent de battre des ailes et de courir sur la piste, elles doivent impérativement avancer pour « faire autrement », et se prémunir des nouveaux arrivants qui ne manqueront pas d’inventer l’aile fixe, montée sur des roues et animée par un moteur à hélice.