Avis d’experts – Investance Partners : La Blockchain, le potentiel de révolutionner l’industrie des marchés financiers

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Managing consultant chez Investance Partners, Pierre Guérin évoque l’exploitation de la blockchain adaptée aux marchés financiers.

La Blockchain a le potentiel de révolutionner l’industrie des marchés financier avec des impacts significatifs sur les business models, la réduction des risques des coûts de fonctionnement  et du capital.

Face à la révolution annoncée, il est urgent pour les acteurs de la finance (BFI, Chambre de compensations, Bourses, Dépositaires, Gestionnaires d’actifs…) d’explorer les impacts de cette technologie sur leurs métiers.

Comme peuvent en témoigner les investissements qui ne cessent de croître (480 millions de dollars investis en 2015, 600 millions de dollars en 2016) et 800 millions de dollars d’ici à 2020 selon les experts), la technologie Blockchain est un sujet au coeur des préoccupations des acteurs de la Finance.

Les plus ardents défenseurs avancent qu’elle permettrait d’économiser des milliards de dollars (1) sur les coûts de traitements en back office pour les activités de paiements transfrontaliers, de négociations de titres et de conformité réglementaire.

Elle améliorerait également l’efficacité opérationnelle, la sécurité, le service client et génèrerait de nouvelles opportunités d’augmentation des revenus.

Quelles initiatives en cours chez les acteurs de la Finance de marché ?

Conscients des potentialités de la Blockchain, les acteurs de la finance n’hésitent donc plus à mobiliser d’importantes ressources pour en tirer profit. Par  exemple,    des consortiums mondiaux, comme R3 CEV (3), se sont formés pour expérimenter la Blockchain appliquée à la Finance.

De nombreux exemples de cas d’application sont actuellement en cours d’expérimentation. Par exemple :

• Allianz Risk Transfer s’est lancé dans l’amélioration du trading des « Catastrophe Swaps et Bonds(4) » via les Smart Contracts liés à la Blockchain.

L’objectif est d’augmenter la fiabilité, l’auditabilité, l’authentification et la vitesse à laquelle les Catastrophe Swaps et les Bonds sont traités opérationnellement, notamment pour les calculs de payout.

En effet, chaque contrat validé sur l’infrastructure de la Blockchain contient des données et du code auto-exécutable liés à la spécificité du contrat.

Quand un événement déclencheur matche les conditions prédéfinies, le smartcontract de la Blockchain active automatiquement et détermine les montants à payer pour chacune des contreparties liées au contrat.

• D’autres institutions financières comme le Nasdaq, l’Australian Stock Exchange (ASX) et l’éditeur de logiciel Digital Asset se lancent dans l’amélioration de l’efficacité des processus post-trade.

Actuellement, le règlement-livraison des trades prend trois jours, ce qui augmente l’exposition au risque de règlement, le coût du capital et le risque systémique. Par ailleurs, le processus de règlement-livraison est très manuel et monopolise de nombreuses ressources en back-office.

Les experts estiment que la Blockchain pourrait réduire le temps de ce processus de 3 jours à 10 minutes, ce qui réduirait de facto l’exposition de risque de règlement / livraison de plus de 99% ainsi que, de manière significative, le coût du capital et les coûts de gestion administrative.

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Quelle est la prochaine étape pour la Blockchain dans la Finance de marché ?

Bien que la technologie Blockchain soit très prometteuse, il existe des obstacles avant son déploiement à grande échelle.

L’ESMA (European Securities and Markets Authority) a conduit en 2016 une étude (5) dans ce domaine.

Elle a identité un certain nombre de limites comme la gouvernance, la gestion de la confidentialité, la capacité à traiter un grand nombre de transactions par seconde comparable aux capacités des systèmes de négociation de transactions financières (i.e. plusieurs milliers de transactions par seconde), l’interopérabilité avec plusieurs types de système en garantissant la sécurité des transactions, la communication avec différents types de réseau de Blockchain et l’adaptation à l’environnement réglementaire.

Pour ces raisons, nous ne voyons pas la Blockchain remplacer l’intégralité des processus et des systèmes informatiques de l’écosystème de la banque d’investissement.

Nous pensons que cette technologie offre une opportunité pour les acteurs de la Finance de revoir fondamentalement les processus métiers et l’architecture IT de leur Back-of*ce, avec à terme, une cohabitation entre des systèmes existants et des Blockchains privées(6).

Plus spécifiquement, les principaux processus concernés sont la gestion des règlement-livraisons, l’onboarding clients (AML / KYC), la gestion du collatéral, la gestion des reporting réglementaires, le trade finance et la gestion des paiements.

(1) Analysis on CB Insights data

(2)  Santander estime que les banques à l’échelle globale pourraient économiser 20 millions de dollars par an à partir de 2020 sur le coût de leurs activités post-trade

(3)  R3 CEV est une société fondée en novembre 2014 et qui se spécialise dans le secteur de la Blockchain. Elle a formé un consortium de plus de 40 grandes banques internationales (composé initialement de Goldman Sachs, JP Morgan, HSBC, Bnp Paribas, Société Générale, Citi Group…) qui a pour but d’élaborer les standards de la Blockchain de demain.

(4)  Les « Catastrophe Derivatives »sont des contrats utilisés par les investisseurs pour échanger (swap) un paiement *xe pour la différence entre le premium de l’assurance contre les pertes causées par l’événement « Catastrophe ».

(5)  Evaluation de la technologie Blockchain par l’ESMA

(6)  Contrairement à la Blockchain publique, la Blockchain privée fonctionne sur un réseau privé, est administrée par un gérant qui décide qui peut participer ou non à la Blockchain

Figure 1 : Répartition géographique des investissements dans la blockchain à G n 2015(2)
Etats-Unis : 52%    Europe : 15%    Asie : 14%    Royaume-Uni : 8%    Canada : 6%    Autres : 5%

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Managing consultant
Investance Partners
Diplômé de l’ESCE Paris et d’un MBA de Nicholls State University (USA), Pierre démarre sa carrière dans le conseil chez CSC en 2010. Il participe alors à de nombreux projets de transformation dans le secteur bancaire sur des sujets tels que l’optimisation de processus ou la coordination de projet. Il rejoint en 2014 le groupe Société Générale au sein de la filiale Franfinance sur le métier du financement d’équipements puis intègre Investance Partners en 2016. Pierre est actuellement Manager en charge de l’innovation pour la practice Retail Banking. Il anime également le Lab de recherche sur la Blockchain au sein du cabinet.
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