Dans un contexte économique favorisant les grands monopoles et le chacun pour soi, la blockchain a de grandes chances d’inverser radicalement la tendance et nous faire basculer dans l’ère de l’intelligence collective.
À n’en plus douter, la blockchain va marquer un tournant profond dans notre économie.
Bien au-delà des considérations technologiques qu’on lui porte a priori, elle incarne avant tout un renouveau : celui d’un virage à 180 degrés vers un monde entièrement collaboratif où l’information sera désormais vérifiable par tous.
Pour la première fois depuis l’arrivée d’Internet, la technologie va à nouveau faire évoluer les mentalités.
La blockchain pose aujourd’hui la première pierre de la mise en place d’un dispositif généralisé de confiance partagée.
Un véritable raz de marée de désintermédiation et d’automatisation à grande échelle qui va tout balayer sur son passage et faire sauter un nombre monumental de contraintes pour repousser les limites.
Derrière, ce sont les fondements mêmes de notre économie et de notre société qui vont basculer : contrats (création d’entreprise ou d’association, embauche, vente, etc.), votes (décisions d’associés, groupe de travail, démocratie), données personnelles, droits de propriété (artistes, architectes, graphistes, presse, etc.), comptes bancaires, transferts d’argent, paiements en ligne, réseaux sociaux (Facebook, LinkedIn, Twitter, Airbnb, Uber…), avis consommateurs, etc.
En tête de file, les réseaux sociaux ont généré, depuis leur arrivée, un bouleversement colossal dans les rapports entre les particuliers, les entreprises, les collaborateurs et les clients.
La blockchain arrive pour amplifier ce phénomène en y associant les fondements de notre économie (transactions et contrats). Bref, une numérisation totale du fond et de la forme accompagnée d’une fluidification de transactions, de transparence, de sécurité et de pérennité de l’information.
Conçue en 2008 dans l’unique but de gérer les transactions de crypto-monnaies (au départ, le bitcoin), la technologie de transmission d’informations, aussi appelée registre électronique, a clairement fait un sacré bout de chemin !
Fonctionnant sans organe central, elle a tout d’abord, de par ses origines, retenu l’attention du monde de la finance et de l’assurance pour conquérir ensuite ceux de la santé, des transports ou du juridique.
Ces derniers travaillent d’ailleurs ardemment à l’identification d’implémentations.
Récemment, ce sont les droits d’auteur, ou plutôt leur gestion, qui intégraient la longue liste des projets.
La plateforme de streaming audio Spotify a racheté Mediachain pour gérer les ayants droit et la plateforme Civil levait 5 millions d’euros pour mettre en place un service de presse basé sur la blockchain où le journaliste est en direct avec son lecteur.
Mais le secteur privé n’est pas le seul concerné : en Estonie, 99 % des services administratifs sont en effet accessibles en ligne grâce… à la blockchain.
Et le Premier ministre Édouard Philippe y voit même un exemple à suivre pour relever le défi lancé par le président Emmanuel Macron, à savoir une dématérialisation totale des services hexagonaux d’ici à 2022.
Lentement mais sûrement donc, le registre prend place et va, à terme, bouleverser l’univers de l’entreprise.
En ce sens, les dirigeants doivent songer à se faire accompagner dès maintenant et repenser leur modèle d’affaires en tenant compte de cette nouvelle composante.
Il faut s’adapter, d’abord intellectuellement, à ces concepts et modèles pour ne pas se faire exclure du marché et s’ajouter à la liste des clients des cabinets de restructuring.
Cette ère de l’intelligence collective aura, en plus d’une meilleure utilisation de la donnée et de l’accélération du collaboratif, une troisième conséquence, à savoir une très probable destitution des géants de l’économie moderne : GAFA, BATX ou NATU.
En effet, ces derniers tardent à respecter pleinement les données personnelles en captant toute la création de valeur générée par leurs utilisateurs.
Alors même que les « Paradise Papers » relancent le débat autour de la fiscalité de ces acteurs, l’accélération de l’automatisation par l’intelligence artificielle et la robotique accentue l’aspiration à de nouveaux systèmes de redistribution de la valeur générée par les données et les usages collaboratifs via les plateformes d’intermédiation.
Un état de fait qui rend ces monstres sacrés de plus en plus incompatibles avec les enjeux de notre époque. Difficile de dire s’ils vont mourir ou réussir à s’adapter à coup d’acquisitions…
Ce qui est certain, c’est que les services vont être remplacés par de nouvelles infrastructures et modèles économiques, probablement moins avantageux pour les nouveaux géants mais plus équilibrés et pérennes.
Tout ceci advient au moment de l’entrée en vigueur de la General Data Protection Regulation (GDPR) programmée pour mai 2018. Autant dire qu’il y a là un « time to market » des plus opportuns !
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