Barbara Dalibard (SNCF) : « Le Wi-Fi dans le TGV est un plus par rapport à l’avion »
La directrice de la branche SNCF Voyages fournit des détails sur les technos et le positionnement marketing du nouveau service Internet sans fil dans le TGV (TGV Box). Interview.
ITespresso.fr a organisé avec Barbara Dalibard une « Interview Grande Vitesse » lors de la matinée presse en date du 26 novembre consacrée à l’inauguration de TGV BOX, le service Wi-Fi accessible dans le TGV (disponible uniquement sur la ligne EST en l’état actuel) associé à un portail de services multimédia.
La directrice de la branche SNCF Voyages du groupe ferroviaire (ex-directrice Orange Business Services) aborde les limites télécoms de l’Internet sans fil dans un train à 320 kilomètres à l’heure (avec un test mitigé), le positionnement marketing de ce service destiné à l’ensemble de la clientèle et la dématérialisation du billet. (interview réalisée le 26 novembre 2010)
ITespresso.fr : Quels obstacles techniques avez-vous rencontré en embarquant le Wi-Fi dans le TGV ?
Barbara Dalibard : Les connexions Internet par satellite embarquées dans un train à 320 kilomètres par heure, c’est d’abord un exploit technique. Thalys le fait et c’est ce que nous faisons dans le TGV. Il y a eu un effort important de R&D avec nos partenaires. Il existe tout de même une différence par rapport à Thalys : les services Internet que nous proposons à bord pour regarder un film ou un concert, avoir des cours de cuisines ou apprendre l’anglais. Ce sont des services pour tout type de clients. Nous espérons que cela leur apportera du plaisir, du confort et de l’intérêt.
ITespresso.fr : En l’état actuel, il y a une asymétrie entre le débit descendant et le débit remontant. Serez-vous en mesure de ré-équilibrer les vitesses de connexion ?
Barbara Dalibard : A partir des études de marché que nous avons réalisées, nous avons considéré que 10% des clients au démarrage allaient utiliser ce service Wi-Fi. Et le dimensionnement technique est double en l’état actuel. Si cela ne suffit pas, il est possible d’augmenter le débit.
ITespresso.fr : Lors de la matinée presse pour tester le service Wi-Fi en condition réelle, la neige a perturbé les connexions. C’est un risque météo calculé par la SNCF ?
Barbara Dalibard : D’un point de vue radio, la neige peut avoir un effet sur les signaux. C’est le même problème avec les clés 3G en cas d’intempérie (orage, neige). La qualité de la communication en pâtit.
ITespresso.fr : Vous êtes une spécialiste du monde des télécoms. On évoque souvent l’Internet mobile disponible partout. Comment la SNCF compte-t-elle parvenir à une réelle fluidité de l’accès sans fil ?
Barbara Dalibard : Les technologies n’arrêtent pas d’évoluer. Pour notre cas spécifique, le point technologique à prendre en compte pour l’Internet mobile, c’est la vitesse du train. Dans les technologies mobiles radio, on passe d’une cellule à une autre (hand over). Le challenge ici, c’est d’utiliser le satellite pour restituer cette qualité de réception. La LTE (4G) permettra d’améliorer les choses mais il faudra attendre que le territoire français soit couvert. Cela prendra quelques années. Le déploiement commencera dans les zones denses. Ce sera un double challenge pour nous lorsque les trains vont passer dans des territoires peu denses. Il est nécessaire de trouver des solutions de substitution pour combler les lacunes en termes de couverture.
ITespresso.fr : Ce service d’accès Internet en mode Wi-Fi est payant. C’est une nouvelle ligne sérieuse de business à inscrire ?
Barbara Dalibard : Nous essayons d’être pragmatiques. Nous avons des voyageurs qui restent une ou plusieurs heures dans les TGV. Ils ont envie d’occuper leur temps de façon intelligente ou ludique. Que peut-on faire pour les aider ? Nous voulons donner aux voyageurs l’envie de prendre le train que la voiture par exemple. De notre côté, c’est peut-être aussi un moyen de remplir davantage nos trains.
ITespresso.fr : Le Thalys a choisi d’intégrer la prestation du service d’accès Wi-Fi dans leurs billets business. Du côté, vous avez élaboré une grille tarifaire raisonnable pour donner l’accès à tous les voyageurs. Pourquoi ce choix ?
Barbara Dalibard : On s’est dit qu’à partir du moment où l’antenne est installée sur le toit de la rame, essayons d’en faire profiter tout le monde et de proposer des services à tous types de publics et des offres ciblées (enfants, adultes).
(lire la fin de l’interview page 2)