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Benoit Bazzocchi – SmartAngels : « Ordonnance crowdfunding : ce cadre nous permet de travailler »

Publiée au Journal officiel le 31 mai 2014 et entrée en vigueur le 1er octobre, l’Ordonnance crowdfunding fixe le cadre réglementaire pour l’exercice des plates-formes de financement participatif en France.

Fruit d’une concertation lancée en 2013 entre les pouvoirs publics et les acteurs de la finance, le texte – assorti de plusieurs décrets et d’une modification du Règlement général de l’Autorité des marchés financiers (AMF) – est appelé à être régulièrement remanié en fonction des retours qui émaneront des professionnels.

Président de l’Association française de l’investissement participatif (AFIP), Benoit Bazzocchi salue l’instauration de ce nouveau cadre légal qui « ne laisse plus d’incertitude » sur l’activité de la structure SmartAngels…dont il est fondateur.

Marque de Y Capital (société de conseil en ingénierie financière), cette plate-forme en ligne de financement participatif permet aux investisseurs privés d’entrer en direct au capital de start-up et PME de croissance en échange d’actions. C’est le principe de « l’equity-crowdfunding », par opposition aux modèles du prêt et du don.

Pour les entrepreneurs, il s’agit d’une réponse au phénomène de « l’equity-gap », en d’autres termes la difficulté de réunir les banques et les business angels de la finance traditionnelle. Pour les investisseurs, c’est la possibilité de gérer pleinement leur portefeuille sans passer par un intermédiaire financier comme les fonds type FIP ou FCPI, dans lesquels l’argent est confié à des gérants.

Changement de statut

Sous le régime de l’Ordonnance crowfunding, SmartAngels bénéficie du statut de CIP (Conseiller en Investissement Participatif), qui requiert un enregistrement auprès de l’AMF et de l’ORIAS (Registre des Intermédiaires en Assurance, banque et finance).

« Auparavant, toutes les plates-formes d’equity-crowdfunding relevaient globalement du statut de CIF [Conseiller en Investissements Financiers], pas vraiment adapté à des levées de fonds organisées sur Internet« , explique Benoit Bazzocchi.

Obligatoire pour les plates-formes d’equity-crowdfunding, le statut de CIP impose une vérification systématique de l’adéquation du profil des investisseurs avec les projets que portent les entrepreneurs. Ce qui suppose un travail en amont : SmartAngels reçoit plusieurs dizaines de dossiers par mois, mais ne retient que les plus « solides », qui présentent les meilleures perspectives de croissance.

« Il n’y a pas de critère discriminant, si ce n’est que les candidats doivent présenter un projet en croissance. Les structures comme les petits commerces et les restaurants sont donc exclus« , affirme Benoit Bazzocchi.

Une fois le dossier d’investissement constitué, les investisseurs y accèdent en renseignant des informations relatives à leur identité, leur situation patrimoniale et leurs habitudes d’investissement. Ils bénéficient d’outils pour suivre les campagnes, lesquelles n’ont pas de période de souscription prédéfinie : chacune avance à son rythme en fonction de la somme recherchée, de l’engouement qu’elle suscite et de l’éventuelle couverture médiatique d’un sujet proche de l’environnement de l’entreprise.

SmartAngels peut assurer la mise en relation des investisseurs et des entrepreneurs par des événements dédiés, des rencontres en one-to-one ou des sessions de visioconférences. Dans tous les cas, certains documents doivent rester accessibles : l’executive summary (dimensions stratégiques et opérationnelles), la note d’opération (aspects financiers et juridiques), les statuts et un mémorandum d’information.

Quelles perspectives ?

L’accompagnement de SmartAngels s’arrête lorsque la levée de fonds est bouclée. « Mais nous mettons à disposition des outils techniques pour faciliter le suivi après-campagne« , assure Benoit Bazzocchi. Tout en revenant sur le nouveau cadre légal : « Il est trop tôt pour déterminer si cette clarification a un effet positif sur l’offre et la demande. […] Il faudra quelques mois pour tirer les premières conclusions« .

« Ce qui est certain, c’est que ce cadre nous permet de travailler« , résume-t-il. Et d’ajouter : « Nous sommes convenus de points d’étape avec les régulateurs, dont le prochain en fin d’année. […] Le gouvernement Valls, dont le ministre de l’Economie Emmanuel Macron [qui a signé le décret d’application du 1er octobre, ndlr], affiche une volonté nette de poursuivre sur la voie tracée par Fleur Pellerin [ancienne ministre déléguée à l’Économie numérique]. »

Ayant cerné des psychologies d’investisseurs larges, SmartAngels prévoit de segmente son offre en introduisant des fonctions dédiées aux profils « qualifiés ». « On sait où aller sur le plan juridique« , confie Benoit Bazzocchi.

Et la confrontation avec les business angels « n’est pas un problème ».  « Quand on capitalise une entreprise, elle a plus de facilité à emprunter par la suite« , assure-t-il.

L’Ordonnance crowdfunding relève à 1 million d’euros la somme maximale qu’une entreprise peut lever par augmentation de capitaux lors d’une campagne organisée sur une plate-forme de financement participatif. Une somme dont s’est approchée Bleu comme gris. Ce spécialiste des vêtements pour enfants implanté à Paris a levé 750 000 euros sur SmartAngels en 2013.

Autres projets plébiscités : FastLease et son offre de location automobile longue durée (550 000 euros), ainsi que Sejourning et son site de (sous-)location d’appartements meublés (300 000 euros).

Un secteur dynamique

SmartAngels exerce depuis 2012, mais son activité a véritablement démarré il y a un an.

Depuis lors, la plate-forme a brassé près de 5 millions d’euros d’investissements, avec un ticket moyen entre 8000 et 12 000 euros. Parallèlement, elle a obtenu des soutiens pour développer ses activités, grâce à deux levées de fonds réalisées auprès de plusieurs sociétés de capital-risque (Elaia, Idinvest, XAnge) et de business angels de renom (Jacques-Antoine Granjon, Pierre Kosciusko-Morizet, Xavier Niel, Marc Simoncini…).

« Tous ces investisseurs sentent qu’il se passe quelque chose », assure Benoit Bazzocchi. « Ils s’aperçoivent que le secteur digital investit rapidement le secteur financier. »

Pour mettre son offre en avant, SmartAngels a noué un partenariat avec la conférence LeWeb dans le cadre de son « Startup Tour » organisé dans quatre villes européennes (Berlin, Stockholm, Paris et Barcelone). Elle a également développé des actions de sponsoring, par exemple pour le Salon Actionaria, dans l’espace « Start-up et Crowdfunding ».

« Il y en a besoin« , reconnaît Benoit Bazzocchi. En matière de financement participatif, la France affiche du retard par rapport aux pays anglo-saxons, qui n’ont pas le même rapport au risque« .

Le fondateur de SmartAngels poursuit : « Aux Etats-Unis, pays qui a la culture de l’actionnariat, le crowfunding s’est surtout développé sur le modèle du prêt. Les sociétés en recherche de fonds ont tendance à s’y exporter, car c’est là que se trouve le marché. Chez nous, la réglementation reste restrictive, particulièrement sur l’equity. »

Les tarifs SmartAngels pour les investisseurs (source site SmartAngels)
L’inscription et l’accès aux dossiers sont entièrement gratuits. Vous ne versez une commission à SmartAngels qu’au moment de l’investissement. Des frais (associés au vérification des informations, de la sécurisation des opérations d’investissement et « d’un accès sans limite de temps à l’espace actionnaires des entreprises dans lesquelles vous investissez ») sont calculés selon un barème dégressif de 5% à 0,5% en fonction du montant investi.
Par exemple, une commission de 50 euros est à régler pour un investissement de 1000 euros, 150 euros pour un investissement de 4000 euros, 225 euros pour un investissement de 10 000 euros ou 425 euros pour un investissement de 50 000 euros. « Vous ne versez aucun frais supplémentaires à SmartAngels pendant toute la durée de votre participation. Nous ne prélevons aucun frais annuels de gestion, ni droit d’entrée, ni droit de garde », précise SmartAngels sur son site Internet.

—— A voir aussi ——
Quiz ITespresso.fr : connaissez-vous le crowdfunding ?

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