BeOS prend son virage Internet

Cloud

Champion auto-proclamé de la production multimédia, BeOS mise maintenant sur l’Internet. Un passage obligé pour le système d’exploitation de Jean-Louis Gassée qui a jusqu’à présent eu bien du mal à se faire une place au soleil.

Lorsqu’il a créé sa société Be il y a neuf ans, Jean-Louis Gassée avait fait un pari un peu fou. Lancer un nouveau système d’exploitation alors que Windows semblait vouloir régner en maître indéfiniment. Son principal atout ? Faire table rase du passé pour proposer un système dit « temps réel », donc particulièrement adapté aux applications de développement multimédia et à la création musicale et vidéo. Toutefois, malgré des démonstrations convaincantes et des performances très prometteuses, BeOS a bien du mal à percer. Aujourd’hui en version 4.5, le système manque toujours cruellement de logiciels et il semble bien difficile de faire abandonner leur Mac aux musiciens.Alors BeOS change de cap et amorce sans complexe son virage Internet. Jean-Louis Gassée s’en est expliqué, lors de son passage à Paris aujourd’hui : « Le marché des PC de bureau est arrivé à maturité, tandis que celui des terminaux Internet explose. C’est vrai que nous n’avions pas prévu l’explosion d’Internet il y a neuf ans mais je suis persuadé que nos technologies sont parfaitement adaptées ». Et il ne semble pas être le seul à en être convaincu. Be vient par exemple de signer un accord de licence avec Compaq pour la création d’un terminal Internet fonctionnant sous BeOS et vendu sous la marque du constructeur Texan. Un modèle de pré-série, donc très proche du modèle final, était même en démonstration. D’aspect, il ressemble beaucoup aux minitel Internet d’Alcatel ou de Matra. La différence c’est qu’il tourne sous BeOS. Plusieurs versions seront disponibles selon le type de connexion au réseau : modem 56K, numéris ou ADSL, carte Ethernet., ? Autre type de terminaux connectés, les tablettes électroniques, sorte de bloc-notes sans clavier munis d’un écran tactile. National Semiconductor a ainsi indiqué son intention de travailler à une version de son concept WebPad fonctionnant sous BeOS. Le modèle actuel tournant sous QNX, un système dérivé d’Unix. Qubit, qui devrait être la première société à réellement commercialiser une Web Tablet a d’ailleurs annoncé avoir choisi BeOS comme plate-forme logicielle. « Dès le départ, nous avons misé sur une architecture modulaire qui nous permet de composer à l’envi des systèmes d’exploitation sur-mesure pour n’importe quel type d’appareil » a encore expliqué Jean-Louis Gassée. PC de bureau, terminaux Internet, et pourquoi pas consoles de jeux, BeOS se veut dorénavant universel? Reste qu’en opérant ce virage vers Internet, Be augmente considérablement le nombre de ses concurrents. Aux traditionnels Windows 98/NT et Mac OS, on peut maintenant y ajouter, QNX, Linux, Windows CE? Jean-Louis Gassée se montre pourtant confiant et se paie même le luxe de l’ironie, s’amusant de la relative contre-performance du système allégé de Microsoft : »Windows CE est un produit que nous apprécions car il a ouvert des portes et les a laissées ouvertes ! ». Et Be compte bien s’y engouffrer.Concernant les rumeurs de rachat de BeOS par RedHat (voir édition du 16 décembre 1999), Jean-Louis Gassée n’a fait aucun commentaire, pas même pour démentir.Pour en savoir plus : * Be Europe * Le WebPad de National Semiconductor* Qubit