Les premiers prototypes de puces en plastique vont être commercialisés dans quelques mois, à l’été 2001. C’est du moins ce que vient d’annoncer la société Plastic Logic, chargée d’exploiter les travaux de recherche de Richard Friend, professeur de physique à l’Université de Cambridge en Grande-Bretagne. Les circuits électroniques des futures puces seront imprimés sur du polymère grâce à un procédé simple, voisin de l’impression à jet d’encre. Plus faciles à produire que les semi-conducteurs de silicium, plus économiques et plus flexibles, ces microprocesseurs en plastique pourraient être fabriqués sur des surfaces pas forcément planes et rigides, et même sur des supports souples comme du tissu. Premières applications industrielles envisagées par Plastic Logic : des étiquettes de bagages et des étiquettes de supermarchés lues à la caisse sans avoir besoin de sortir les produits du caddy, ainsi que des puces intégrées à des vêtements ou à des grands écrans souples.
Evidemment, ce n’est pas une banale matière plastique qui est employée, mais une catégorie de polymères comme les polythiophènes et les oligothiophènes. Est-il question pour autant de renoncer au silicium avec lequel les microprocesseurs sont fabriqués depuis des années ? Non. L’idée est plutôt de trouver une alternative plus économique pour des applications différentes et pour celles où son prix est prohibitif.
Le silicium, un matériau qui peut s’avérer très coûteux
A la base, le silicium est un matériau bon marché, mais c’est sa transformation en semi-conducteur qui revient cher, vu les procédés utilisés. Une puce de silicium rudimentaire se paye moins d’un dollar. Mais pour une puce plus sophistiquée, il faut débourser 100 fois plus. Car pour graver les minuscules dessins des circuits de transistors sur une fine tranche de silicium, on utilise une kyrielle de procédés : des réactions optiques et chimiques, de la lithographie, des ultraviolets, des processus de dépôt sous vide, etc. Techniques précieuses qui demandent à chaque usine de puces au silicium environ 14 milliards de francs d’investissements.
Voilà pourquoi, un peu partout dans le monde, les chercheurs planchent depuis des années sur une alternative. De nombreuses entreprises se sont lancées dans la course à la puce en plastique : les Américains IBM, Lucent, Dupont, et Xerox sont sur les rangs, mais aussi les Japonais Mitsubishi et Hitachi, le Néerlandais Philips et l’Allemand Hoechst. Les Français ne sont pas en reste, puisqu’une équipe du CNRS sait fabriquer un transistor en plastique depuis les années 1990. La plupart en sont pour l’instant encore au stade du laboratoire, mais la lutte est féroce pour passer le plus vite possible aux applications industrielles concrètes. C’est pourquoi l’annonce des Britanniques a dû faire l’effet d’un pavé dans la mare. Réelle avance technique ou simple effet d’annonce pour attirer de nouveaux investisseurs ? Il faudra attendre l’été prochain pour voir si la promesse de puces en plastique est devenue réalité. Et puis, qui sait, dans la foulée, bientôt un Pentium en plastique ?
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