Big Brother Awards : un prix spécial décerné à la LSQ
Les récompensés ne devraient pas s’en vanter : ce 28 janvier, un jury militant leur a décerné un Big Brother Award, trophée qui sanctionne les champions de la surveillance de l’année. Parmi les honteux élus, on trouve l’administration pénitentiaire et le ministère de la Justice, la société Cegedim, la RATP ou encore la ville de Mantes la Jolie. Prix spécial avec mention pour les complices de la LSQ.
« Et le Prix spécial du jury pour l’ensemble de son oeuvre est décerné… » au gouvernement pour la loi sur la sécurité quotidienne (LSQ), avec une mention spéciale à l’ensemble des parlementaires qui ont voté le texte. On s’y attendait, la LSQ a eu son moment de gloire lors de la remise des Big Brother Awards français, dont la cérémonie se déroulait ce 28 janvier à Paris. Pourtant, dans la catégorie « Administration, Etat et services publics », ce sont l’administration pénitentiaire et le ministère de la Justice qui remportent le trophée symbolique par contumace, comme tous les nominés. La statuette dorée représentant une botte écrasant un visage leur a été décernée à l’unanimité « pour mettre l’accent et dénoncer la lente mais certaine dégradation de la sphère privée dans les prisons françaises » mais également pour souligner « la dérive vers un mode de prisons privées dotées des dernières technologies de surveillance, éliminant le rapport humain et laissant la machine faire le tri ». La Poste a échappé de peu au Big Brother Award de la catégorie « Entreprises, secteur privé », c’est finalement la société Cegedim qui l’emporte pour l’exploitation des données de santé du réseau Sesam-Vitale.
Du côté des « Produits, systèmes et dispositifs », la RATP se retrouve huée pour ses projets Navigo et Prismatica, respectivement une carte de transport nominative qu’elle projette de rendre obligatoire et un programme de surveillance automatique par caméra visant Paris, mais également Bruxelles, Lisbonne, Londres et Prague. Malheureusement, les villes plus petites n’ont rien à leur envier, ainsi dans la catégorie « Localités, urbanisme », Mantes la Jolie ravit son bonnet d’âne à Lyon. La municipalité des Yvelines l’emporte pour « la mise sous surveillance des commerces de la seule place du quartier tristement célèbre du Val Fourré ». Le jury souligne par ailleurs que « cette installation a été financée sur fonds publics destinés à la ‘réhabilitation sociale’ de quartiers en difficulté ».
Des récompenses plus sincères
Chapeau bas en revanche pour le Syndicat de la magistrature pour sa vive réaction contre la LSQ et son ouvrage intitulé Vos papiers. L’association de magistrats s’est vu remettre un « Prix Voltaire de la vigilance citoyenne », ex aequo avec la députée européenne Alima Boumediene Thiéry. Cette dernière a été saluée pour s’être élevée devant le Parlement européen contre les dérives violant les droits fondamentaux. Les récompensés, les nominés, tous les détails ainsi que des liens vers les intéressés sont en ligne sur le site des Big Brother Awards France.