Bilan d’un an d’iTunes Music Store

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Premier anniversaire et premier bilan pour l’iTunes Music Store. Si le service a fondamentalement modifié la perception du marché par ses acteurs, les poids lourds de l’industrie du disque devraient commencer à réagir.

C’est le mercredi 28 avril 2003 que Steve Jobs lançait son offre de distribution de musique en ligne, l’iTunes Music Store. Mais le service n’est qu’un maillon d’une chaîne musicale qui s’appuie sur nombre de technologies de la firme (voir édition du 24 octobre 2003). Et c’est la somme de tous ces composants et la gestion en parallèle de leur développement qui a permis à Apple de se hisser au premier rang des distributeurs de musique numérique et des vendeurs de lecteurs MP3. Le P-DG d’Apple devrait annoncer cette semaine le nombre total de chansons vendues en ligne depuis le lancement. Les observateurs s’attendent à quelque 75 millions de titres (voir édition du 17 décembre 2003), même si les récents succès d’Apple avec son iPod Mini ont pu accélérer les ventes sur les dernières semaines (voir édition du 7 janvier 2004). Steve Jobs avait annoncé un objectif de 100 millions de morceaux téléchargés pour le 28 avril 2004, sans prendre en compte les téléchargements gratuits du partenariat avec Pepsi, avec lesquels Apple pourrait en fait avoir largement dépassé l’objectif retenu.

Des solutions alternatives

Mais au delà de ces chiffres (voir édition du 18 mars 2004), Apple profite surtout de ses ventes d’iPod qui, au dernier trimestre, ont dépassé celles des Mac. Pour l’industrie informatique, l’iTunes Music Store se présente comme un modèle : derrière Apple se massent, selon le cabinet de recherche NPD Group cité par nos confrères de CNet, le grand distributeur Walmart, Napster, MusicMatch et Real Player, qui annoncent tous plus d’un million d’adhérents ou d’utilisateurs actifs. Avec 2,7 millions de clients, Walmart représente à lui seul la moitié des utilisateurs de l’Apple Store. Face à la déferlante créée par Apple, tous les acteurs attendent désormais le modèle économique qui leur permettra de rivaliser avec celui de la firme à la Pomme. Les espoirs reposent sur le projet de Microsoft, nom de code Janus, qui permettrait d’écouter de la musique acquise par forfaits de souscription sur les baladeurs MP3 (voir encadré). Jusqu’à aujourd’hui, le modèle de souscription ne permet pas de lire les oeuvres achetées sur un baladeur, pour des raisons de gestion des droits. Face à Microsoft et Apple, Real se trouve dans une position délicate : son lecteur numérique n’est pas retenu pour fonctionner sur les baladeurs MP3. Du coup, le groupe tente de convaincre Apple de lui donner accès à sa technologie (voir édition du 19 avril 2004). Mais Jobs semble profiter de l’avance de sa firme pour créer un monopole de fait.

Du coup, la pression monte, et pas seulement du côté de la concurrence : les hackers (voir édition du 25 novembre 2003) tentent de démonter ou de contourner FairPlay  on compterait déjà trois essais plus ou moins fructueux. L’obstination d’Apple à garder sa technologie fermée à d’éventuels partenaires pourrait lui coûter cher : le Macintosh a suivi le même modèle dans les années 80 avant de se faire submerger par les cloneurs de PC. De plus, les majors n’ont pas l’intention de laisser Apple faire cavalier seul : outre leurs critiques demandant l’adoption d’un standard unique (voir édition du 3 février 2004), les grandes maisons de disques seraient en train de tester un modèle de tarification à la hausse. Des entreprises qui jouent avec le feu : après leurs déboires face aux modèles Napster ou Kazaa, elles pourraient bien tuer la poule aux oeufs d’or. Reste qu’avec les menaces de poursuites judiciaires, les utilisateurs de musique numérique semblent de moins en moins enclins à s’échanger des titres par le biais des logiciels de peer-to-peer. Une baisse de fréquentation à mettre au crédit des actions en justice qu’elles ont entreprises, autant qu’à l’apparition de services de musique en ligne crédibles, dans le sillage de l’iTunes Music Store.