Bilan en demi-teinte pour les ‘.nom.fr’

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En décembre, l’Afnic proposait l’enregistrement gratuit des noms de domaine en « .nom.fr ». Une opération de promotion qui aura permis de multiplier par 15 le nombre de détenteurs d’une telle adresse… ce qui ne représente finalement que moins de 6 000 personnes. En interrogeant les inscrits, on trouve des motivations diverses mais pas de réel enthousiasme.

Promo à l’Afnic. L’association française pour le nommage Internet en coopération, chargée de l’attribution des noms de domaine en « .fr », permettait ce mois-ci à tous les particuliers d’enregistrer gratuitement un nom de domaine du type « http://www.dupont.nom.fr » (voir édition du 28 novembre 2000). En fait, l’Afnic ne proposait pas ce service directement, il fallait passer par des intermédiaires hébergeurs, qui se chargent de la gestion du nom de domaine, avec hébergement, redirection, e-mail, etc. Ce sont ces intermédiaires qu’il faudra payer à partir de 2002 sous peine de perdre le précieux nom.

Mais quelles sont donc les motivations des détenteurs d’un « .nom.fr » ? Emmanuel Petit en possède deux à lui tout seul : un « petit.nom.fr » et un « petit-emmanuel.nom.fr ». Il faut dire qu’un homonyme parcourt les stades de foot… « J’ai un nom courant », explique l’intéressé, « le ‘.fr’ et le ‘.com’ étaient pris, je l’ai enregistré en ‘.nom.fr’. A une époque, il fallait obligatoirement avoir son adresse avec ‘nom-prénom.nom.fr’. » Comme Emmanuel Petit travaille chez un fournisseur d’accès Internet, il a bénéficié de tarifs intéressants. « Ensuite, l’Afnic a changé sa politique, c’est là que j’ai pu enregistrer ‘petit.nom.fr’. Tout ça, c’est pour le fun, je n’ai même pas de site pour l’instant. Et puis, on ne sait jamais, peut-être qu’un jour je pourrai le vendre. » Pour autant, il n’est pas persuadé de l’intérêt de ce type d’adresse : « C’est un peu du bidon, j’ai entendu la pub pour être hébergé gratuitement, ça me fait rire car en général les gens ont un espace chez leur fournisseur d’accès. »‘.nom.fr’ : un cadeau empoisonné ?

Céline, elle, n’a rien demandé à personne : « C’est un ami qui m’a appris un jour qu’il avait enregistré mon nom. Je n’y connais rien, je n’en sais pas plus. » L’ami en question, c’est Hady Hobeich, et ce n’est pas un hasard s’il a enregistré le nom de Céline comme ceux d’une vingtaine d’amis. « J’ai monté Franceservices.fr, une start-up, il y a un an. Nous proposons des services Internet et nous participons à l’opération de l’Afnic », explique-t-il. Pour autant, il a un peu l’impression d’avoir fait « un cadeau empoisonné », comme il l’explique : « Si Céline ne paie pas à la fin de l’année, elle perdra son adresse et son e-mail, elle risque de perdre ses contacts. » Selon lui, l’offre s’adresse avant tout aux gens qui ne connaissent pas Internet, comme Céline, les autres sachant qu’un « .com » ou un « .org » peuvent leur revenir moins cher. « La décision de participer à l’opération a été difficile à prendre, il a tout de même fallu verser près de 3 000 francs à l’Afnic. On s’attendait surtout à plus de promotion de leur part, mais je n’ai rien vu. Je ne sais pas quel était le but mais 5 000 inscrits, c’est misérable, ce n’est pas une réussite. »Une simplification tout à fait bienvenue

L’avis de Jean-Noël Itzstein est différent. Lui possède un site qui relate sa passion pour le parachutisme qui est aussi son métier : il est artisan et s’occupe de l’entretien du matériel. « J’ai profité de l’offre, Club-Internet, mon fournisseur d’accès, en faisait la publicité. L’adresse est beaucoup plus simple maintenant : ‘http://www.adrenalin.nom.fr’, alors qu’avant c’était ‘http://perso.club-internet.fr/jnbase/’. » Il n’a fait qu’une redirection, les pages restent chez son FAI. Que fera-t-il dans un an, quand le service sera payant ? « On verra. » En attendant son « .nom.fr » le satisfait complètement et il n’a rien eu à débourser.

En un mois, le nombre de « .nom.fr » sera passé de 400 à 5 700. Un grand bond qui ne permet tout de même pas de parler de succès. A moins qu’un subit rush ne fasse exploser les statistiques. Les intéressés ont jusqu’au 31 décembre, il sera peut-être déjà trop tard quand vous lirez ces lignes. Trop tard pour le gratuit, mais en payant, aucun problème !