« Mon nouveau rôle au sein de Microsoft va me permettre de passer 100 % de mon temps sur le développement de nouvelles technologies logicielles ». C’est en ces termes que Bill Gates a annoncé hier le changement opéré à la tête de la société qu’il a créé il y a 25 ans. Tout en conservant le poste de président du conseil d’administration, il cède à Steve Ballmer les responsabilités de la gestion au quotidien du plus grand éditeur de logiciels mondial qui emploie aujourd’hui plus de 30 000 personnes. « Architecte logiciel en chef » est le nouveau titre que Bill Gates s’est auto-attribué.
Cette annonce a également été l’occasion de présenter la nouvelle stratégie Internet de la firme. Baptisée NGWS, pour Next Generation Windows Services, elle a pour but d’étendre l’utilisation des logiciels existants et à venir de Microsoft sur tout type de plate-forme, et pas seulement les classiques PC. Un accent tout particulier ayant été mis sur les appareils mobiles qui se connecteront bientôt à Internet au travers de réseau à haut débit. Cette stratégie implique également la mise en place de nouveaux services basés sur la distribution d’applications en ligne, et donc très centrés sur les serveurs. Microsoft a d’ailleurs déjà beaucoup investi dans le domaine, notamment en prenant des parts chez certains Application Service Providers(voir édition du 13 janvier 2000). Steve Ballmer a également promis que ces NGWS apporteraient autant de changement que lors du passage du Dos à l’interface graphique. Il faut s’attendre à une nouvelle interface, un nouveau système de gestion de fichiers et, surtout, à des capacités de traitement du langage naturel qui modifieront radicalement le rapport homme/machine. Un discours qu’il faut tout de même tempérer vu qu’il nous est régulièrement servi.
La période choisie n’est sûrement pas un hasard. Ce remaniement a lieu quelques semaines à peine avant l’éventuelle reprise, en février, du procès « anti-trust » mené par le gouvernement américain contre l’éditeur. Début novembre dernier, le juge Thomas Jackson avait en effet tranché en faveur du gouvernement et statué que Microsoft avait bien profiter de sa situation de monopole pour mener la vie dure à ses concurrents (voir édition du 8 novembre 1999). Comme il est de mise aux Etats-Unis, une négociation d’accord à l’amiable est en cours entre les deux parties. Le gouvernement ayant proposé à Microsoft de se couper en trois sociétés distinctes. En réaction à un article du quotidien américain USA Today, qui se faisait hier l’écho d’une rumeur annonçant le découpage en deux de Microsoft, la porte-parole de la société de Microsoft avait qualifié l’idée de « proposition extrême, radicale ». Il estimait même « un peu ironique que quiconque puisse parler de diviser Microsoft au lendemain de l’annonce par AOL et Time Warner de la plus importante fusion de l’histoire, destinée à concurrencer directement Microsoft ». Steve Ballmer a même enfoncé le clou en déclarant que le démembrement serait « le plus mauvais service que l’on pourrait rendre aux consommateurs ». La situation est très tendue. Et le retrait de Bill Gates marque certainement une volonté de calmer le jeu en plus d’un retour aux sources pour le milliardaire.
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