En janvier 2014, le groupe américano-européen gestionnaire du Nasdaq lançait une place de marché destinée à simplifier les échanges d’actions entre sociétés privées.
En un peu plus d’un an, elles sont près de 80 à avoir rejoint ce cercle baptisé Nasdaq Private Market. Certaines s’apprêtent à faire le grand saut vers les marchés publics ; d’autres s’y refusent encore, mais s’appuient sur le dispositif pour fluidifier leurs processus de levée de fonds et d’actionnariat salarié.
Soumis à de stricts critères de sélection (les entreprises qui souhaitent y entrer doivent par exemple avoir levé au moins 30 millions de dollars sur les deux années précédant leur demande ou bien être valorisées à au moins 50 millions), le Nasdaq Private Market pourrait bientôt faire l’objet d’une expérimentation mettant en jeu la blockchain.
Solution pratique au problème de la synchronisation décentralisée, cette technologie sécurisée par cryptographie enregistre de manière infalsifiable des échanges de données. Elle permet notamment au protocole Bitcoin de transférer de la valeur sans intervention d’une autorité centrale.
La Fondation Bitcoin l’a expérimentée en début d’année dans le cadre d’un vote visant à renouveler son conseil d’administration. Plus récemment, IBM a fait part de ses travaux menés en accord avec plusieurs organismes financiers sur une variante de la blockchain qui portera un système de paiement électronique semi-centralisé acceptant les principales devises.
Dans ce dernier cas, il s’agirait surtout de sécuriser les transactions tout en réduisant le nombre d’intermédiaires et donc les goulots d’étranglement potentiels – tout en diminuant les frais sur l’ensemble de la chaîne de paiement.
L’approche du Nasdaq est similaire : le recours à la blockchain doit permettre de supplanter les mécanismes « traditionnels » de gestion des échanges d’actions, encore largement basés sur des dispositifs informels comme des tableaux remplis à la main par des départements juridiques. Tout en assurant des transactions quasi instantanées.
Cette initiative est d’autant plus stratégique qu’elle fait suite à l’investissement d’Intercontinental Exchange (gestionnaire du NYSE) dans Coinbase, entreprise américaine qui propose une plate-forme d’échange et des services de porte-monnaie électronique dédiés au bitcoin.
Mais les obstacles sont nombreux : en premier lieu, comme le constate le Wall Street Journal, la blockchain actuellement en place présentera probablement une trop faible capacité de montée en charge pour gérer l’ensemble des échanges à Wall Street (d’où cette expérimentation à périmètre réduit).
En outre, le caractère anonyme des « artisans de la blockchain » (ceux qui prêtent de la puissance de calcul via leurs ordinateurs) suscite l’inquiétude, tout particulièrement chez les régulateurs, quand bien même certains ont adopté une position favorable à l’égard de l’écosystème Bitcoin.
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