Bitcoin : la saga MtGox se poursuit au Japon
Le Français Mark Karpelès a été traduit en justice à Tokyo dans le cadre de l’enquête sur la faillite de son entreprise, qui exploitait la plate-forme d’échange de bitcoins MtGox.
Nouvel épisode dans le feuilleton judiciaire lié à la fermeture de MtGox.
Mark Karpelès, le gérant français de la société japonaise qui exploitait cette plate-forme d’échange de bitcoins, a été arrêté samedi à Tokyo et conduit au parquet le lendemain pour y être interrogé.
Dans l’état actuel, il persiste à démentir toutes les accusations à son encontre, selon la presse sur place, qui précise que ses avocats n’ont pas souhaité faire de déclarations.
Pour saisir les subtilités de l’enquête ouverte au Japon, il faut remonter à février 2014. MtGox (acronyme pour « Magic : The Gathering Online eXchange ») avait d’abord stoppé le retrait en devises, puis coupé l’intégralité de son service transactionnel, officiellement en raison de problèmes de sécurité.
Il reste encore beaucoup de mystères dans ce dossier. Une attaque par déni de service distribué (DDoS) serait à l’origine de cette suspension d’activité.
Mark Karpelès, qui a notamment travaillé pour la société Internet française Nexway (téléchargement de logiciels, distribution de contenus numériques), avait tenté de relancer la machine… en vain.
Considérée en faillite, la société d’exploitation Tibanne – hébergement, développement d’applications, gestion de systèmes – avait finalement été placée sous la protection de la loi japonaise sur les faillites. Quelques semaines plus tard, la même démarche était réalisée aux États-Unis.
Sur les 850 000 bitcoins disparus dans le naufrage, 200 000 ont été retrouvés dans un porte-monnaie électronique. Mais où est passé le reste, qui correspond à un préjudice de plusieurs centaines de millions d’euros pour plus de 100 000 utilisateurs ?
Mark Karpelès reste persuadé que ces bitcoins sont tombés entre les mains de pirates qui ont exploité, pendant des années, des failles sur la plate-forme qui a concentré jusqu’à 80 % des échanges mondiaux autour de la crypto-monnaie.
La police japonaise n’a pas la même version. Elle soupçonne Mark Karpelès d’avoir falsifié des données dans le système d’information de MtGox pour envoyer les bitcoins sur un compte secret. Il aurait également créé artificiellement pour près d’un million d’euros.
Sous le coup de plusieurs plaintes (dont une class action aux États-Unis) déposées après l’interruption brusque des activités de MtGox, le gérant français doit faire face à une autre accusation.
Il est en l’occurrence soupçonné de « malversations financières », à travers l’utilisation illégale de 1,1 milliard de yens (8 millions d’euros) déposés par les clients de MtGox. Selon la télévision publique japonaise NHK, ces fonds auraient été utilisés pour partie à des fins personnelles, le reste ayant été transféré à d’autres sociétés.
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