Bitcoin : un univers en proie à une guerre de brevets ?
Le père putatif de Bitcoin cherche à se constituer un portefeuille de brevets autour de la crypto-monnaie et de la technologie sous-jacente de registre décentralisé.
Craig Steven Wright est-il le créateur de Bitcoin ?
La question reste en suspens*, mais l’entrepreneur australien âgé de 45 ans n’a pas attendu que la paternité de la crypto-monnaie lui soit officiellement attribuée pour tenter de mettre la main sur la propriété intellectuelle associée.
Il aurait, en l’occurrence, déposé plus de 50 demandes de brevets en Grande-Bretagne depuis le mois de février.
Les démarches auraient été effectuées par la société EITC Holdings, enregistrée à Antigua, une île des Caraïbes à la fiscalité avantageuse. C’est ce qu’affirme Reuters, à l’appui des témoignages de plusieurs sources dites « proches de l’entreprise ».
EITC Holdings prévoirait de déposer jusqu’à 400 demandes de brevets relatifs non seulement à Bitcoin, mais aussi à la technologie sous-jacente de registre décentralisé : la blockchain.
Rien que la semaine passée, l’Office britannique de la propriété intellectuelle aurait enregistré 11 demandes de la part d’EITC Holdings, avec un champ d’application très large, d’un système de paiement sécurisé de contenus en ligne à un OS dédié à l’Internet des objets.
Il faudra sans doute plusieurs années avant que Craig Steven Wright puisse effectivement jouir des droits liés à ces brevets, dont certains couvrent des composants fondamentaux applicables à toute monnaie virtuelle ou base de données distribuée.
Mais selon Anthony Lewis, consultant spécialisé, les conséquences pourraient être significatives, à l’heure où la blockchain affiche son potentiel « disruptif ».
Au regard des initiatives des uns et des autres, on peut considérer qu’une guerre de brevets s’est engagée. Bank of America Corporation en est l’un des acteurs, avec une quinzaine de brevets blockchain déposés ces derniers mois.
* Les regards s’étaient tournés vers Craig Wright fin 2015 après des révélations de Wired et Gizmodo. D’abord resté silencieux, l’intéressé était finalement sorti de l’ombre début mai… avant de renoncer à apporter la preuve que lui et Satoshi Nakamoto (pseudonyme utilisé par le créateur de Bitcoin) ne faisaient effectivement qu’un.
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