Blockchain : BNP Paribas et Société Générale mettent leurs billes dans le consortium R3
La start-up R3, autour de laquelle s’est constitué un groupement qui développe une blockchain pour l’industrie financière, lève 107 millions de dollars.
Barclays, Deutsche Bank, HSBC, Credit Suisse… Ils sont plusieurs dizaines de groupes bancaires à soutenir financièrement la démarche collaborative de R3 dans l’univers de la blockchain.
Cofondée et dirigée par David E. Rutter, pionnier dans l’innovation des marchés financiers en tant qu’ancien responsable du courtage électronique chez ICAP, la start-up est parvenue à fédérer, au dernier pointage officiel, « plus de 80 membres » au sein d’un consortium qui planche sur l’exploitation des technologies de registres décentralisés dans l’industrie financière.
Une réflexion qui s’est traduite par le projet Concord, dont l’élément central se nomme Corda.
Cette plate-forme open source adossée à une infrastructure distribuée est censée couvrir des besoins en matière de sécurité, de capacité de montée en charge, de résolution de litiges ou encore de compatibilité avec les systèmes existants.
Son développement devrait s’accélérer à la faveur du tour de table que R3 vient d’annoncer.
Puisque tu pars
Chiffrée à 107 millions de dollars, l’opération – de Série A – est souscrite par deux banques françaises : BNP Paribas et Société Générale. Elle n’est pas tout à fait bouclée.
Le montant communiqué correspond en l’occurrence aux deux premières tranches, une troisième et dernière devant être ouverte « plus tard cette année » avec la possibilité, pour des investisseurs non membres du groupement, de prendre une participation.
R3, qui vivait jusqu’alors essentiellement de frais d’adhésion de 240 000 à 500 000 dollars, ne cache plus son ambition de « devenir le nouveau système d’exploitation des services financiers ».
La société se garde en revanche d’évoquer les mouvements au sein de son collectif, avec les départs successifs de Santander, Goldman Sachs* et JPMorgan – qui a depuis lors lancé Quorum, devenu une brique fondamentale du projet que développe une initiative concurrente baptisée Enterprise Ethereum Alliance.
Pendant un temps, avant ces défections, il était question d’un tour de financement qui aurait pu dépasser les 200 millions de dollars. Le montant avait été revu à la baisse une première fois en novembre dernier, à 150 millions, après la confirmation des prises de distance opérées par Santander et Goldman Sachs.
Une version payante de Corda
On ignore dans quelle mesure la répartition du capital de R3 évolue avec cette opération. Tout au plus des documents datés d’octobre 2016 font-ils état de la volonté de la start-up de conserver une participation de 40 %, dont 10 % pour ses employés, alors que les banques impliquées voudraient monter plus haut.
Autre question prégnante : l’attribution de la propriété intellectuelle associée à chacun des projets entrepris par le consortium, tout particulièrement entre des organisations qui restent dans une logique de « coopétition ».
Revendiquant 120 employés répartis dans 9 bureaux à travers le monde, R3 se contente de préciser que si Corda est open source, les applications que les partenaires développeront sur la plate-forme « seront conservées plus précieusement », explique CoinDesk.
En plus de soutenir une vague de recrutements allant du directeur produit à l’ingénieur DevOps en passant par le chef de projet R&D, la levée de fonds accompagnera la mise sur pied d’une version payante de Corda offrant, entre autres, davantage de garanties en matière de disponibilité.
* Goldman Sachs a poursuivi son aventure blockchain en investissant dans des sociétés spécialisées (Digital Asset Holdings, Circle Internet Financial…) et en déposant des brevets portant sur les monnaies virtuelles ainsi que l’échange de devises.
Crédit photo : compte Instagram @inside_r3