La technologie est-elle suffisamment mûre, comment vais-je intégrer mes applications avec les infrastructures existantes et quels modèles de gouvernance définir ?
Telles sont les trois questions qui reviennent le plus chez les 75 institutions financières qu’Infosys a interrogées sur la thématique blockchain.
Le cabinet de conseil et de services informatiques – qui mène lui-même des expérimentations en la matière, entre autres avec ICICI Bank et Emirates NBD – estime qu’il ne s’agit plus de se demander si le secteur bancaire adoptera les systèmes de registres distribués, mais à quel horizon et dans quelles conditions.
Compte tenu des indicateurs actuels, il faudrait attendre 2019-2020 pour voir émerger une infrastructure partagée, plus ou moins standardisée, assortie d’API.
La période 2017-2018 semble devoir être celle des PoC (preuves de concept).
Les cas d’usages privilégiés sont ceux qui présentent un potentiel de réduction des coûts et de simplification des processus. En tête de liste, la gestion des paiements transfrontaliers. Suivent la gestion des identités, les systèmes de compensation et de règlement, le financement de factures et le crédit documentaire.
Pour ce qui est du passage en production, il devrait d’abord concernait les transactions interbancaires. Puis, dans un horizon de 2 à 5 ans, impliquer les régulateurs, notamment à travers le financement des exportations.
En l’état, 15 % des banques interrogées disent avoir déjà investi dans la blockchain. Elles sont 35 % à affirmer vouloir y mettre leurs billes en 2017, avec un ticket moyen autour du million de dollars. La majorité (49 %) envisagent l’échéance 2020 pour une entrée en phase commerciale (33 % visent 2018).
Dans 28 % des cas, l’impulsion est donnée par le directeur technique ; dans 23 % des cas, par le directeur de l’innovation. La réflexion se fait souvent en association avec des FinTech (28 %), d’autres sociétés technologiques (22 %) ou encore au sein de consortiums (30 %).
Au-delà des enjeux de gouvernance et d’interopérabilité, les banques appréhendent aussi – mais dans une moindre mesure, d’après les statistiques d’Infosys – les défis de sécurité et de confidentialité des données. Elle ne sont que 10 % à exploiter (ou à envisager d’exploiter) des blockchains publiques, quand 69 % s’en tiennent, pour l’heure, à des registres privés.
En matière d’échanges transfrontaliers, la branche Corporate Banking de BNP Paribas s’y est essayée pour des paiements BtoB. Dans un autre registre, le consortium LaBChain, monté par la Caisse des dépôts, expérimente la blockchain pour la gestion du collatéral non cash associé aux prêts-emprunts de titres.
Du côté de la Banque de France, on a récemment fait le point sur un pilote lancé à l’été 2016 sous l’angle de la gestion des identités numériques appliquée au référentiel ICS (Identifiants Créanciers SEPA).
En début d’année, à l’occasion du Paris FinTech Forum, François Villeroy de Galhau avait rappelé la nécessité, pour l’ensemble des maillons de l’écosystème, de mener une réflexion commune sur les technologies de registres distribués.
Le gouverneur de la Banque de France, dont on trouvera ici l’allocution, en avait appelé aux start-up en élargissant son propos à la biométrie pour lutter contre la fraude, à l’intelligence artificielle pour mieux servir les client et aux smart contracts pour optimiser les transactions.
Il avait également souligné l’importance, pour les assureurs, de développer de produits de « cyberassurance », non sans enjoindre l’ensemble du secteur à « envisager une mutation des métiers et des compétences », en concertation avec les partenaires sociaux.
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