Blockchain et matières premières : des banques françaises expérimentent
Des banques et des négociants de matières premières s’associent pour appliquer la blockchain Ethereum à la gestion et au financement des transactions.
Une casquette de plus pour Frédéric Dalibard dans l’univers de la blockchain.
Depuis 2015, l’intéressé chapeaute la stratégie numérique de la banque d’investissement de Natixis. Et gère, dans ce cadre, les relations avec le consortium R3, dont il préside le conseil d’administration.
Le voilà au board d’une S.A. inscrite le 21 août 2018 au registre du commerce de Genève : komgo.
Des institutions financières, des négociants de matières premières, une entreprise d’inspection et un groupe pétrolier* sont à l’origine de cette société.
Ils se sont associés à ConsenSys (« start-up studio » axé sur les applications décentralisées) pour développer une solution de gestion et de financement du commerce de matières premières.
Basés sur la blockchain Ethereum, leurs travaux « ouverts » s’inscrivent dans la lignée de la plate-forme Easy Trading Connect, objet de plusieurs expérimentations.
La première avait été officialisée en février 2017. Avec le concours du négociant Mercuria, ING et Société Générale avaient accompagné la vente, en Chine, de pétrole brut venu d’Afrique. La dématérialisation du processus avait permis au deux banques de diviser par six leur temps d’implication.
KYC et lettres de crédit
ABN AMRO avait rejoint la boucle en cours d’année pour une deuxième expérimentation sur un périmètre plus large dans le secteur énergétique.
Début 2018, l’initiative s’étendait au négoce de matières premières agricoles, avec des germes de soja vendus par le groupe Louis-Dreyfus à l’industriel chinois Bohi. Davantage de maillons de la chaîne avaient été dématérialisés, des contrats aux lettres de crédit en passant par les certificats.
La dématérialisation des lettres de crédit sera au cœur d’un des deux produits que komgo compte commercialiser d’ici à la fin de l’année. L’autre sera destiné à faciliter le processus de vérification d’identité (KYC ; « Know Your Customer »). Le commerce de pétrole brut en mer du Nord sera concerné dans un premier temps. Métaux et produits agricoles suivront en 2019.
Des « synergies » sont prévues avec la société VAKT. Née en 2017 à l’initiative de huit des membres fondateur de komgo, elle s’est spécialisée dans la gestion post-transaction des échanges de matières premières.
* Dix institutions financières sont associées au projet : ABN AMRO, BNP Paribas, Citi, Crédit Agricole, ING, Macquarie, MUFG Bank, Natixis, Rabobank et Société Générale. Le trio Gunvor – Koch – Mercuria (négoce) est dans la boucle aux côtés de SGS (inspection) et de Shell (pétrolier).
Crédit photo : Alan-Jamieson via Visualhunt / CC BY