SVM l’avait dévoilé il y a plus d’un an : l’i-mode débarquera bel et bien en France sous la houlette de Bouygues Telecom. NTT DoCoMo et le troisième opérateur mobile français ont en effet annoncé la signature d’un accord pour le lancement du service d’Internet mobile de l’opérateur japonais. Selon l’accord, DoCoMo accorde à Bouygues Telecom « la licence et le transfert des technologies pour le lancement de services i-mode en France et dans les départements d’Outre-Mer ». DoCoMo apporte ainsi à Bouygues Telecom les brevets, le savoir-faire et les technologies nécessaires pour lancer les services, d’abord sur les réseaux GPRS puis sur l’UMTS. L’accord doit prendre fin en avril 2012, mais il sera renouvelable par accord mutuel. Selon Bouygues Telecom, les services i-mode devraient être lancés dans les douze prochains mois.
L’i-mode devrait toucher le grand public, mais pour le moment aucun détail tant sur les offres que sur les prix n’est disponible. Le troisième opérateur français a déjà lancé depuis le 28 janvier dernier son service « Internet mobile » qui repose sur la norme GPRS et… sur le Wap. Selon l’opérateur, rien n’a été décidé sur l’avenir du Wap. Mais il est difficile d’imaginer la coexistence des deux technologies au sein du catalogue de l’opérateur, d’autant que Bouygues Telecom n’hésite pas à dire que l’i-mode est supérieur au Wap, même lorsque ce dernier profite des débits supérieurs du GPRS. Le Wap ne serait pas suffisamment puissant ni standardisé et ne permettrait pas de développer des services suffisamment évolués, déclarait Yves Goblet, directeur général adjoint pour la stratégie et le développement commercial de Bouygues, à SVM en (mars 2001). Difficile après cela de vouloir attirer les entreprises vers ce service…
Un marché qui reste à créer
Tout ne sera pas si simple car l’arrivée de l’i-mode pose le problème de la compatibilité entre les terminaux. Si les deux normes sont compatibles entre elles, l’i-mode nécessite l’usage de terminaux spécifiques. Selon la presse japonaise, les téléphones seront fournis par les sociétés NEC et Matsushita. Les abonnés aux services Wap de Bouygues devront donc s’assurer que leurs terminaux actuels pourront se connecter à des services i-mode, ce qui est loin d’être certain. Pour le moment, si Bouygues Telecom n’annonce qu’une centaine de forfaits GPRS souscrits, le nombre d’utilisateurs devrait être tout de même d’environ 20 000 fin 2002.
Bouygues Telecom cherche à capitaliser énormément sur le nom i-mode, norme qui compte 32 millions d’abonnés au Japon, afin d’attirer le grand public, plus sensible que les entreprises aux écrans couleur, aux fonctionnalités simples et aux divers services multimédias comme les jeux. Bouygues n’est pas le seul à avoir fait le pari de l’i-mode puisque le service nippon a été lancé en Allemagne le mois dernier par E-plus, filiale de l’opérateur néerlandais KPN Mobile, et doit arriver aux Pays-Bas cette semaine avant de conquérir le marché belge d’ici juin. Mais surtout, il permet à Bouygues Telecom de commercialiser un produit non étiqueté Wap, trois lettres qui suffiraient à elles seules à faire échouer tout projet d’Internet mobile… D’ailleurs, France Télécom – dont l’offre d’Internet mobile repose sur le Wap – préfère dorénavant mettre en avant les performances mêmes du réseau GPRS plutôt que de communiquer sur le Wap.
L’UMTS, complément indispensable
Dans cette logique d’Internet mobile rapide, Bouygues Telecom se décide enfin à annoncer sa participation dans l’UMTS (la téléphonie mobile de troisième génération), après y avoir renoncé en 2000. L’opérateur déposera le 16 mai un dossier de candidature à une licence UMTS en France. Une décision motivée notamment par l’abaissement du prix de cette licence. Le prix a été en effet ramené de 4,9 milliards d’euros à 619 millions d’euros plus une redevance de 1 % des revenus générés (voir édition du 2 janvier 2002). Bouygues Telecom devrait investir 4 milliards d’euros d’ici à 2011 dans son nouveau réseau.
L’alliance de NTT DoCoMo avec Bouygues Telecom semble donc retirer toute chance de voir l’opérateur japonais s’attribuer la quatrième licence restante, et l’on ne voit pas bien qui pourrait aujourd’hui se porter candidat…
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