Comment Fujitsu entend capter le marché de l’IoT
Présent sur les capteurs, l’analytique, une plate-forme Cloud, l’applicatif et l’intégration, Fujitsu aborde l’IoT dans sa globalité, par le biais de scénarios d’usage professionnels. Comme un dispositif luttant contre la somnolence des chauffeurs-routiers
Quand on interroge Ronan Trébaol sur la montée en puissance du nouveau phénomène de l’IT qu’est l’Internet des objets (IoT), ce dernier prend volontiers un ton amusé. « En réalité, cela fait des années et des années que ça existe ! On parlait auparavant de M2M, relève le directeur du développement de l’IoT et de l’innovation de Fujitsu pour l’Europe. Ce qui est plus nouveau, ce sont les technologies d’analyse de données qui viennent se greffer à l’IoT et les réseaux dédiés à ces usages. Ce qui augmente le nombre de scénarios envisageables. » Mais, pour cet ancien de Nokia qui affiche 18 années d’expérience dans la mobilité, les fondamentaux restent inchangés : l’IoT se compose toujours de capteurs, de passerelles de connectivité, de plate-formes Cloud, d’algorithmes et de couches applicatives.
Une façon de dire que les compétences développées au fil des ans au sein du groupe japonais trouvent leur pertinence sur le ‘nouveau’ marché de l’IoT. Chez Fujitsu, des équipes qui travaillaient sur les smartphones ont ainsi été aiguillées vers une nouvelle entité, Ubiquitous IoT. Environ 500 personnes exploitent les connaissances accumulées dans la téléphonie pour développer de nouvelles solutions. Comme ce capteur qu’on vient accrocher à l’oreille pour détecter les états de somnolence, trahis par les variations de rythme cardiaque. Un dispositif dédié aux chauffeurs-routiers afin de prévenir les accidents. La solution, venue du Japon, est déjà commercialisée en Europe. « Actuellement, nous menons trois projets de lutte contre la somnolence au volant avec des transporteurs afin de tester la pertinence de la solution, dit Ronan Trébaol. Ces capteurs peuvent être utilisés de façon autonome, une vibration avertissant le chauffeur quand il dépasse un seuil d’alerte attestant de l’entrée dans une phase de somnolence, ou couplés à de la transmission de données. Dans ce cas, on peut associer l’alerte des chauffeurs à une approche Big Data. »
L’association avec le Big Data
D’autres dispositifs sont en cours de tests, comme un boîtier de sécurité des travailleurs, un tag de localisation par example pour des lits médicalisés ou un casque de réalité augmentée adapté aux environnements industriels, notamment pour du mentorat (voir la photo ci-contre). Autant de capteurs qui exploitent les technologies que le Japonais a mis au point pour ses smartphones ainsi que des travaux sortant de ses laboratoires. « La détection de somnolence à partir des variations du rythme cardiaque est ainsi le fruit de 5 années de travaux dans nos laboratoires au Japon, démarrant par de la recherche fondamentale. C’est un bon exemple de synergie entre le travail de nos Labs et les entités commerciales du groupe », observe Ronan Trébaol. Et Fujitsu sait aussi, au besoin, s’entourer de partenaires pour renforcer la différenciation de ses capteurs. Comme cet accord avec Quuppa, une start-up proposant une géolocalisation 3D, la position d’un tag étant déduite des angles d’arrivée d’au moins 2 connexions Bluetooth.
Mais les compétences IoT de Fujitsu ne se limitent pas à la conception de capteurs et des algorithmes associés. Deux autres unités au sein du groupe travaillent aussi sur le sujet. Une entité mobilité avant tout focalisée sur le marché automobile. Et le bras armé du Japonais en matière d’innovation. Cette équipe aborde le sujet davantage sous l’angle du Big Data. Elle a par exemple conçu une application Akisaï pour l’agriculture connectée et une application Spatiowl pour la mobilité et les transports intelligents, commercialisées dans le Cloud.
Scénarios métiers préintégrés
« C’est la force de Fujitsu, assure le directeur du développement de l’IoT. Le groupe est présent sur toute la chaîne, sur le matériel, le logiciel et le service. Nous proposons l’algorithmie, la plate-forme Cloud –via un partenariat avec Azure ou notre offre Fujitsu MetaArc -, les capteurs – chipset y compris – et le prototype de l’application. L’intégration dans le système d’information du client peut ensuite être prise en charge par nos équipes services. C’est pour cela que l’IoT nous va si bien. » Mais pas question toutefois de s’enflammer ; Fujitsu ne se départit pas de son approche pragmatique, basée sur des scénarios d’usage préintégrés. Comme la réalité augmentée en support aux équipes de maintenance sur le terrain, la localisation d’équipements ou de personnes en intérieur et en extérieur, la sécurité des chauffeurs au volant ou celle des équipes exposées: travail en hauteur, interventions d’urgence, personnels isolés, travail de nuit, … . « Car le principal obstacle au déploiement à grande échelle de l’IoT reste la construction des modèles technico-économiques justifiant son utilisation », prévient Ronan Trébaol.