Comment Fujitsu France dope sa capacité d’innovation
Fujitsu France se dote d’une direction technique pour structurer sa démarche d’innovation et mieux profiter des technologies sorties des labos du géant japonais. Sans oublier d’embarquer quelques start-up.
« En arrivant chez Fujitsu France, j’ai trouvé une entreprise avec de nombreuses compétences et références mais qui ne s’appuyait pas suffisamment sur la capacité d’innovation du groupe. » Chez le fournisseur japonais depuis octobre 2015, en provenance de SFR puis Numergy, Axel Mery, le directeur technique de Fujitsu France, est précisément celui qui doit piloter la stratégie technologique de la filiale française. Arrivé à la demande de Benjamin Revcolevschi, le directeur général, le nouveau CTO et les deux autres personnes de son équipe se voient assigner deux missions principales : porter l’offre de conseil en stratégie digitale et s’emparer des questions d’innovation au sein de la filiale, notamment en assurant l’intégration des solutions développées par le groupe auprès des clients hexagonaux.
« Mais la démarche part aussi du principe qu’on ne peut pas tout faire seul. Nous sommes donc en train de bâtir un écosystème d’innovation, mélangeant les solutions sorties des labos de Fujitsu en Europe, aux Etats-Unis ou au Japon avec des innovations émanant de start-up », précise Axel Mery. Des contacts ont ainsi déjà été noués avec ToucanToco (dataviz) et NanoCloud (portage en mode Saas des applications). « Sur une dizaine de proof-of-concept sur lesquels nous sommes actuellement impliqués, près de la moitié d’entre eux embarque des start-up », assure le directeur technique. Qui précise l’engagement de Fujitsu : « nous ne cherchons pas à masquer aux clients le nom des start-up avec lesquelles nous travaillons. Par contre, nous portons le risque ; ce qui signifie que si la jeune pousse ferme, nous assurerons le fonctionnement de la solution à sa place. »
« Davantage sur le D de R&D »
Notons qu’en France, Fujitsu ne part pas d’une feuille blanche en matière de collaboration avec les start-up. Le groupe japonais a en effet racheté récemment deux jeunes pousses d’origine hexagonale : RunMyProcess d’abord (conception et intégration de workflow, acquis en 2013) et Usharesoft (déploiements et migrations dans le Cloud, novembre 2015). Deux offres que le Japonais a intégrées au sein de MetaArc, sa plate-forme d’orchestration de Cloud qui propose également un gestionnaire d’API, via un partenariat avec Apigee.
Voilà pour les moyens mis en oeuvre. Reste la démarche qu’Axel Mery qualifie de ‘pragmatic innovation’. « Dans l’acronyme R&D, nous sommes beaucoup plus sur le D que sur le R. Nous récupérons un problème avant de bâtir une solution », synthétise le CTO. Ses premiers dossiers concernent les aspects support et maintenance des PC ou des caisses enregistreuses, la gestion des appels au help-desk ou encore la qualité de la supply chain dans les usines. « Dans ce dernier cas, nous cherchons à employer des techniques de Machine Learning et de Deep Learning pour essayer des détecter des défauts sur des pièces ; et ce, à l’échelle du micron, détaille Axel Mery. Nous réutilisons et adaptons pour ce faire un moteur technologique développé pour nos propres usines, au Japon. »
Communauté européenne de l’innovation
Car, dans un groupe de la taille de Fujitsu, il faut aussi savoir se bâtir un réseau de relations. « C’est une partie de notre mission dont nous n’avions pas forcément appréhendé d’emblée toutes les exigences. Le travail de networking est important ! », assure le CTO. La direction technique française a évidemment noué de bonnes relations avec les labos européens, mais s’appuie aussi sur d’autres relais au sein du groupe. « Une communauté autour de l’innovation a été créée. Cette communauté permet aux équipes espagnoles, des pays nordiques, allemandes, anglaises, italiennes ainsi qu’à nous, de mieux partager nos différentes avancées.». Une communauté qui s’est déjà réunie à deux reprises.