Think big pour la France : mode d’emploi
Grace à une nouvelle organisation de son activité, au développement d’un écosystème performant constitué de partenaires divers, et à un appui du gouvernement français, la filiale française du groupe japonais Fujitsu convainc la maison mère d’investir en France.
« Penser grand pour la France ». Fort de cette volonté, Benjamin Revcolevschi, directeur général de Fujitsu France a su convaincre son président, Tatsuya Tanaka, d’investir 50 millions d’euros sur cinq ans dans l’économie digitale française. Un véritable tour de force au sein de ce groupe mondial (40 milliards de dollars de chiffre d’affaires) qui, avant le 9 mars dernier, n’avait pas encore investi massivement dans la filiale française.
« Depuis 30 ans, la filiale française exerçait une activité traditionnelle de vente de matériels et de services informatiques. En 2015, la nouvelle équipe managériale, prenant conscience du potentiel de l’écosystème digital de la France, s’est évertuée à mettre en lumière, aux yeux du siège, l’existence sur le sol français d’un tissu technologique et économique propices au développement de Fujitsu France, de Fujitsu monde et du développement de l’économie française », relate Benjamin Revcolevschi. Grâce à cette stratégie, le 9 mars dernier, le premier ministre Bernard Cazeneuve et le président de Fujitsu Tatsuya Tanaka ont annoncé, entre autres, la naissance d’un centre d’excellence du leader japonais du numérique au sein de l’incubateur de Polytechnique situé dans l’écosystème de Paris-Saclay.
Les leviers indispensables à l’investissement étranger en France
Mais comment susciter l’intérêt d’une maison-mère alors qu’on est sorti de l’écran radar ? Pour Fujitsu France, l’aventure a débuté en juin 2016 lors du Fujitsu Innovation Gathering, congrès tenu à Paris dans le cadre du Fujitsu World Tour et qui, en choisissant la capitale, a fait de la France le pays ambassadeur de l’innovation japonaise.
Un mois plus tard, Tatsuya Tanaka était à Paris. « De mémoire de salariés, c’était la première fois qu’un président japonais faisait le déplacement jusqu’ici, raconte Benjamin Revcolevschi. De cet événement qui a rassemblé 1500 personnes, dont les acteurs de la French Tech, de nombreuses entreprises du CAC 40, des ingénieurs de labs, des acteurs clés du business et, suite à deux rendez-vous organisés à l’Elysée et Matignon, de nombreux rendez-vous avec des start-ups et dirigeants d’entreprises françaises, notre président est reparti convaincu du dynamisme français et des ambitions conquérantes de la France en matière de digital. Un état d’esprit que l’on peut illustrer par ‘je suis venu, j’ai vu et j’y ai cru’ » se plait à résumer Benjamin Revcolevschi.
Fort de cette réussite, la filiale française a alors mis en place une stratégie et développé un écosystème pour convaincre son président de concrétiser son enthousiasme par un investissement financier. « Nous avons utilisé trois leviers. Le premier, le vivier important de start-ups, d’organismes de recherche et de talents en mathématiques, algorithmes et digital présent en France. Le deuxième : le fort dynamisme industriel français. Aujourd’hui la France est le pays qui a le nombre le plus important d’entreprises figurant au classement du Fortune Global 500, confirmant ainsi la puissance économique de l’Hexagone. Troisième levier enfin, le repositionnement de la filiale française autour de trois thématiques dominantes que sont la transformation digitale, le Cloud hybride et la digitalisation des environnements de travail », détaille Benjamin Revcolevschi.
Privilégier une approche systémique
De cet écosystème et d’un contexte politique favorable, où le gouvernement et Business France ont accompagné la filiale dans la mise en place des partenariats avec l’école Polytechnique ou l’Inria et l’ont aidé à mettre sur pied un agenda de rencontres avec de grands groupes industriels, est né cet investissement du Japonais, moteur de l’économie du pays.
Pour Benjamin Revcolevschi, cette opération doit servir d’exemple : « il est de notre responsabilité et de notre devoir, à nous dirigeants de filiales françaises de grands groupes internationaux, d’exposer à notre top management les atouts de la France pour les convaincre d’investir dans l’Hexagone. Nous devons expliquer au plus haut niveau que notre pays a aujourd’hui une vraie puissance technologique, économique et d’innovation ».
Après trois mois d’existence, les premiers résultats de ce centre d’excellence seront présentés le 29 juin prochain lors du Fujitsu World Tour. Inscrivez-vous ici !