Brexit : des perturbations dans la sphère des IPO
Line attendra ce mardi pour donner une fourchette indicative de prix dans le cadre de son IPO. En cause, la volatilité des marchés des suites du Brexit.
Relocalisation des sièges sociaux de grands groupes, exode des start-up, circonspection des investisseurs… Le Brexit soulève des craintes pour le numérique « made in U.K. ». Mais la secousse se fait ressentir par-delà les frontières du pays.
En Asie, tandis que les places boursières se sont effondrées, Line a vu son processus d’IPO perturbé.
Le service de messagerie instantanée propriété du groupe sud-coréen Naver Corporation (ex-NHN) devait annoncer aujourd’hui une fourchette de prix indicative pour les 35 millions de titres qu’il compte émettre dans le cadre de cette opération.
Face à la volatilité des marchés (- 3,6 % pour l’indice S&P 500 dans la journée de vendredi ; – 7 % pour le Topix, qui a repris des couleurs ce lundi à + 1,8 %), il attendra finalement demain.
Ce report ne devrait pas avoir d’effet sur l’introduction en Bourse, toujours prévue le 14 juillet 2016 sur le NYSE (New York) et le lendemain sur le TSE (Tokyo). Le prix final de l’action devrait être fixé le 11 juillet. Line pourrait lever près d’un milliard de dollars, pour une valorisation à 5,5 milliards.
Il est question de cette IPO depuis près de deux ans. Quitte à accumuler de la dette, Line a préféré prendre le temps de renforcer ses équipes et de développer son modèle économique*, orienté sur trois éléments principaux : de petits jeux communautaires, un service de VoIP vers les fixes et portables à l’international, ainsi que des « stickers », émoticônes dessinées pour chaque type de situation de la vie courante.
L’application, lancée le 23 juin 2011 à la suite des catastrophes naturelles qui avaient frappé le Japon (séisme et tsunami ayant entraîné un accident nucléaire), s’est aussi entourée d’un écosystème de services.
Dans cette optique, Line a monté un fonds d’investissement qui a mis ses billes dans des start-up du e-commerce, du paiement électronique et du divertissement numérique. La structure a notamment aidé au rachat, auprès de Microsoft, de MixRadio, finalement revendu.
La version française avait fait ses débuts en septembre 2013, à l’heure où Line commençait à décliner ses activités sous l’angle BtoB, en permettant entre autres aux entreprises de créer des « comptes officiels » donnant accès à des fonctionnalités de marketing social. Mais elle reste peu utilisée à l’heure actuelle.
Plus globalement, Line n’a que peu d’accroches sur le marché européen. Sur ses 218,7 millions d’utilisateurs actifs revendiqués au 31 mars 2016, 151,6 millions sont situés dans quatre pays : le Japon, Taïwan, la Thaïlande et l’Indonésie. On reste assez loin du milliard de personnes connectées à WhatsApp ou des 700 millions branchées sur WeChat de Tencent (selon Statista).
* Sur l’année 2015, Line dégage un chiffre d’affaires de 1,12 milliard de dollars, pour une perte nette de 710 millions.
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