C’est le moment de vérité pour Bull. A la recherche de nouveaux investisseurs et ne pouvant plus compter sur le soutien de l’Etat, le conseil d’administration du groupe informatique Bull a rejeté l’offre du groupe d’investissement américain Gores – qui proposait d’investir jusqu’à 74 millions d’euros en échange du contrôle majoritaire du groupe – et opté pour une augmentation de capital. Celle-ci est d’un montant total de 44 millions d’euros, garantie à 75 % par des investisseurs privés : le groupe électronique japonais NEC, France Télécom (tous deux déjà actionnaires de Bull à hauteur de 16,9 %), AXA Private Equity, le fonds de retraite allemand Debeka et la holding Artemis de François Pinault. D’autre part, 350 dirigeants du groupe apporteront 6 millions d’euros. Pour assainir la situation financière de Bull, dont les fonds propres sont négatifs de 726 millions d’euros, le plan adopté préconise également une réduction de la valeur des dettes financières. Celles-ci consistent actuellement en une dette de 240 millions d’euros envers les porteurs d’obligations convertibles « Océanes » émises en 2000, et le prêt de 450 millions d’euros accordé par l’Etat au mois de juin 2002. L’Etat, qui a donné son accord, verra la valeur économique de sa créance réduite d’environ 90 %, ce qui la ramènera à quelque 50 millions d’euros. De leur côté, les porteurs d’Océanes devrait consentir un sacrifice de même proportion, en convertissant leurs titres en actions.
Un plan soumis à approbation
Ce plan de sauvetage qui, s’il échoue, conduira le groupe à déposer le bilan à la fin de l’année, est suspendu à l’approbation des autorités européennes de la concurrence – lesquelles avaient lancé une procédure contre la France pour n’avoir pas obtenu de Bull, en juin 2003, le remboursement du prêt – des porteurs d’actions d’obligations Océanes et de l’assemblée générale des actionnaires de Bull. Le p.-d.g. du groupe Pierre Bonelli s’est déclaré optimiste sur les chances d’acceptation de ce plan. Selon lui, il permettra « un nouveau départ pour Bull ». S’il règle les problèmes financiers du groupe informatique français, il restera tout de même à élaborer et à mettre en oeuvre une stratégie assurant son développement.
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