A la tête de Novell France depuis un an, Christophe Therrey fait le point sur la stratégie de l’éditeur et ses ambitions dans le secteur de l’open source. Vnunet.fr a rencontré le dirigeant sur le Salon Solution Linux le 30 janvier 2007.
Vnunet.fr : On parle beaucoup de Novell à travers l’offre SUSE Linux, mais ce n’est pas l’unique marché de la société. Pouvez-vous faire un point sur l’état et la stratégie de l’entreprise?
Christophe Therrey :Novell a conservé son offre historique Netware [système d’exploitation pour serveurs « PC » lancé en 1983, ndlr] mais c’est un marché déclinant qui subit une décroissance de 10 % par an environ depuis 1998. En 2006, l’activité Netware a cependant représenté 35 à 40 % de notre chiffre d’affaires mondial. En revanche, nous avons deux fers de lance dans l’open source : Linux d’une part, et la gestion des identités, sécurité et administration des environnements hétérogènes d’autre part. Tout l’enjeu est donc de compenser les baisses de revenus de l’offre déclinante par ceux de l’offre montante.
Notre offre de gestion des identité s’appuie sur le produit Identity Manager 3. Nous assurons notamment toute la brique de télédéclaration de la Direction générale des impôts (DGI) en France. Une brique robuste. Nous ne sommes pas peu fier de rappeler qu’en 2005, 3,7 millions de déclarations des revenus ont été effectuées en ligne et 7 millions en 2006. La DGI vise cette année les 11 millions de télédéclarants. Le marché de l’identification grossit de 22 % en moyenne sur le marché. Chez Novell, il progresse de 30 %. Il représente aujourd’hui 25 % de notre chiffre d’affaires.
Vnunet.fr : Et Linux?
Christophe Therrey : Nous avons démarré sur Linux il y a trois ans environ avec l’acquisition de Ximian et de ses cerveaux Miguel de Icaza et Nat Friedman [spécialisé dans le poste de travail, Ximian développe le pr ojet Mono, une version libre de .Net, et l’environnement graphique Gnome, ndlr]. Puis de l’éditeur SUSE en 2004 et Imunix dédié à la sécurisation de Linux devenu depuis AppArmor [intégrée dans la distribution SUSE Linux Enterprise 10, ndlr]. AppArmor s’adresse aux non spécialistes. Notre stratégie Linux est donc de nous différencier du reste du marché en en proposant une plate-forme unique capable de s’adresser aux data centers comme au poste de travail. Ce n’est pas le cas de la concurrence. Enfin, Novell fournit un ensemble d’outils pour gérer les environnement hétérogènes. Il n’y a pas de grands clients purement Linux, c’est une réalité. Il est donc indispensable de se positionner sur la gestion des environnements mixtes.
Vnunet.fr : Linux a longtemps servi de moyen de négociation avec les éditeurs de solutions propriétaires. Où en est-on aujourd’hui?
Christophe Therrey : Linux sert toujours d’argument de pression. Et pour cause. Le marché du serveur est occupé par Windows à 38 %, Unix 31 % et Linux 12 % environ. Et sur le poste de travail, il est particulièrement clair que Linux sert d’argument pour envoyer un signal fort à Microsoft. Mais avec l’arrivée de Vista, les DSI démarrent de vrais projets d’évaluation du poste Linux. Soit pour continuer à faire pression, soit dans une réelle volonté industrielle de migration. Aujourd’hui, de plus en plus de DSI envisagent de remplacer Windows par Linux. A condition que le poste de travail se comporte comme un poste Windows. Ce qui est aujourd’hui vrai à 90 % avec les offres bureautiques et Internet/messagerie.
Vnunet.fr : Ces courants viennent essentiellement des administrations, non?
Christophe Therrey : Si le secteur public a été précurseur, le privé prend aujourd’hui le relais. C’est particulièrement vrai dans le secteur de télécommunications et de l’automobile [l’interview ayant été réalisée mardi matin, Christophe Therrey n’avait pas voulu nous révéler l’important contrat signé avec PSA annoncé dans l’après-midi, ndlr]. Grâce à la pression importante que Linux induit sur les coûts.
Vnunet.fr : Ce qui contredit les arguments de Microsoft selon lesquels Linux reviendrait plus cher en maintenance?
Christophe Therrey : Tout à fait. Les industriels sont clairement guidés par la réduction des coûts. Mais le marché Linux est encore jeune avec seulement une dizaine d’années d’existence. Les 343 distributions du marché génèrent environ 700 millions de dollars de chiffre d’affaires. Autant dire qu’à part Novell et Red Hat, tout le monde perd de l’argent. Toutes les distributions ne se valent pas. Et ce que veulent les clients, ce sont des solutions industrialisées et stables avec du support et de l’évolutivité. C’est ce que nous leur offrons.
Vnunet.fr : Quel est le revenu généré par l’activité Linux chez Novell.
Christophe Therrey : Linux représente 15 % de notre chiffre d’affaires si l’on s’en tient aux souscriptions et 25 % si l’on y ajoute le support.
Vnunet.fr : Quelle est votre stratégie pour attaquer le marché des PME, en France notamment?
Christophe Therrey : Le cas des PME est différent de celui des grands comptes. Il est très dynamique. Certaines entreprises n’hésitent pas à basculer l’intégralité de leur infrastructure sous Linux. Notamment en réaction épidermique à l’attitude violente de Microsoft qui se positionne comme un acteur unique à leur égard. C’est donc un marché intéressant. Novell y répond en proposant une solution complète à travers Novell Open Workgroup Suite. Cette plate-forme répond aux besoins des postes de travail en terme de bureautique avec notamment OpenOffice, des serveurs de fichiers et d’impression et des briques de gestion de télédistribution. L’ensemble pour 1/10e des tarifs de Microsoft. Le marché des PME est très important pour nous. Nous avons 92 projets qui viennent remplacer les solutions de Microsoft dans notre CRM.
Vnunet.fr : Quels sont les principaux projets de développement pour 2007?
Christophe Therrey : Nous allons nous concentrer sur trois axes essentiellement : le poste de travail, un domaine dans lequel Novell bénéficie aujourd’hui d’un bon produit et d’une expérience qualifiée, notamment en environnement Active Directory de Microsoft; la poursuite du déploiement de Linux sur les serveurs dans les applications critiques comme SAP, Oracle, etc.; et la virtualisation où nous pensons que l’enjeu ne se joue pas au niveau de la brique logicielle mais de la gestion des data centers. Il va falloir être en mesure de gérer des instances virtuelles de manière dynamique avec, notamment la capacité à déterminer en temps réel les applications qui ont un besoin de puissance à un moment précis pour la leur fournir. Notre solution Zenworks Orchestrator sait gérer indifféremment des serveurs physiques de machines virtuelles sous Windows, Linux ou VMWare.
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