Calcul haute performance : le CNRS ouvre un ‘Institut des grilles’

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Le Centre national de la recherche scientifique crée un nouvel institut fédérant l’ensemble de ses initiatives dans les grilles de calcul.

L’Europe prépare une grande infrastructure de grille (European Grid Initiative), mettant en réseau un ensemble de ressources informatiques hétérogènes et géographiquement éloignées pour répondre aux besoins de calcul des scientifiques. Dans ce cadre, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) vient d’ouvrir un nouvel « Institut des grilles » ayant vocation à être « le noyau » français d’une « structure pérenne » qui verra le jour d’ici 2010, selon Guy Wormser, le directeur de cette entité.

L’Institut des grilles doit poser les jalons de la consolidation des systèmes existants de calculs distribués en France, mais aussi accentuer la recherche sur ce thème et dégager des synergies entre différents intervenants. Le CNRS, l’initiateur du projet, revendique à lui seul près de 80% de l’effort français dans les grilles de production, c’est-à-dire des grilles où les données sont partagées entre plusieurs équipes éloignées géographiquement. Le centre est aussi impliqué, via une dizaine de ses laboratoires, dans des grilles de recherche ou de calcul.

« Cacher la complexité aux utilisateurs »

Quels sont les enjeux ? « La vraie difficulté réside dans le dimensionnement et la coordination des grilles », explique Dominique Boutigny, directeur général adjoint de cet institut*. Elle se trouve aussi dans la capacité du futur système à mettre « les bonnes ressources à disposition pour chaque tâche envoyée sur la grille ». Et aussi dans la sécurité, l’authentification et le pilotage des réseaux associés (à savoir le réseau universitaire français Renater et le réseau européen d’interconnexion Géant).

Un intergiciel (ou middleware) répondra en partie à ces problèmes. Pour ce qui est de la coordination des grilles entre elles, l’Open Grid Forum (OGF) définit aussi actuellement « des standards ouverts leur permettant de travailler ensemble ».

In fine, les travaux de l’institut doivent permettre de « cacher la complexité de ces grilles aux utilisateurs », tant en ce qui concerne les bases de données que l’intergiciel ou le stockage. La grille sera dès lors réduite « à une grosse boîte noire » sur laquelle ils pourront s’appuyer, poursuit Dominique Boutigny.

60 millions de pétaoctets d’ici 2010

Les capacités de stockage posent une autre difficulté. « 15 millions de pétaoctets de données vont être produits chaque année et l’institut table sur 60 millions de pétaoctets d’ici 2010 », toujours selon Dominique Boutigny (un pétaoctet correspond à un million de gigagoctet).

Coté industriels, deux acteurs français travaillent pour l’heure avec l’Institut de grilles : la société de services CS Communication et Systèmes et la CGG (Compagnie générale de géophysique), qui souhaite « ‘gridifier’ les 4 ou 5 centres de calculs qu’elle opère dans le monde » pour la recherche de nappes de pétrole et envisage à terme de « vendre des ressources informatiques à d’autres acteurs ».

*Dominique Boutigny dirige également le Centre de calcul de l’Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (CCIN2P3).