La polémique enfle au sujet de Cambridge Analytica.
Cette société britannique spécialisée dans le data mining est suspectée d’avoir exploité, sans consentement, les données de 50 millions d’utilisateurs de Facebook.
Elle aurait développé, sur cette base, un système de profilage utilisé pour influencer les électeurs dans le cadre de la campagne de Donald Trump en 2016 et du Brexit au Royaume-Uni.
Les informations relayées à ce sujet par le Guardian et le New York Times proviennent du lanceur d’alertes canadien Christopher Wylie, qui a travaillé pour Cambridge Analytica.
Les collectes de données auraient été réalisées par une société tierce (Global Science Research, montée par un professeur à l’université de Cambridge) via un « test de personnalité ».
Quelque 270 000 personnes auraient téléchargé l’application… qui pouvait, à l’époque des faits, accéder aux listes d’amis Facebook sans violer les conditions d’utilisation du réseau social ; ce qui explique que le bilan soit annoncé à 50 millions d’individus.
Facebook avait découvert le pot aux roses en 2015 et s’en était tenu aux déclarations de Cambridge Analytica, qui avait assuré, après sollicitation, avoir supprimé les données en question.
Ce n’était vraisemblablement pas le cas, comme le fait remarquer Ron Wyden.
Le sénateur démocrate de l’Oregon est l’un des parlementaires américains à avoir demandé des comptes à Facebook. Il fixe un ultimatum au 13 avril pour obtenir des précisions sur plusieurs points : les utilisateurs concernés seront-ils notifiés ? La société de Mark Zuckerberg a-t-elle connaissance d’autres incidents de ce type ? Comment audite-t-elle les apps tierces ?…
Plusieurs sénateurs républicains, dont Jeff Flake (Arizona) et Marco Rubio (Floride), sont également montés au créneau. Tandis que Maura Healey, procureure générale du Massachusetts, a annoncé qu’elle lancerait une enquête.
Ça bouge aussi de l’autre côté de l’Atlantique. Damien Collins, président de la commission de la culture au Parlement britannique, appelle Mark Zuckerberg à témoigner. Antonio Tajani, président du Parlement européen, annonce quant à lui que l’UE va examiner dans quelle mesure des médias sociaux ont pu violer la vie privée de citoyens en partageant illégalement des données.
Du côté de Facebook, on a sollicité le cabinet Stroz Friedberg pour auditer Cambridge Analytics. La CNIL britannique a sollicité, en parallèle, un mandat pour mener une perquisition dans les bureaux londoniens de la firme.
Cette dernière doit se défendre sur un autre front, ouvert par Channel 4 News. La chaîne d’information a diffusé une série de caméras cachées tournées récemment par un journaliste qui s’est fait passer pour un client potentiel de Cambridge Analytica.
Son principal dirigeant Alexander Nix a évoqué, au cours de plusieurs entretiens, les techniques qui permettent à l’entreprise de « maîtriser une campagne politique de bout en bout », mais aussi de réaliser de l’espionnage économique, avec l’appui d’une galaxie de sociétés satellites.
Il présente aujourd’hui ses propos (à voir ci-dessous) comme des « scénarios hypothétiques » destinés à « tester les intentions » du client.
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