Carly Fiorina promet deux ans de bénéfices à ses actionnaires
Alors qu’un analyste financier conseille à HP de se scinder en deux pour améliorer sa profitabilité, Carly Fiorina estime que son entreprise n’a nul besoin d’une telle réorganisation.
Lors d’une rencontre avec des analystes financiers, Carly Fiorina, p.-d.g. de HP, s’est montrée très confiante quant au devenir de l’entreprise dont elle a la charge, prévoyant une croissance annuelle de 20 % du bénéfice par action en 2004 et les deux années suivantes. Ces déclarations sont intervenues un jour après qu’un analyse de la banque d’affaires Merril Lynch, Steven Milunovitch, a publié une note dans laquelle il exhorte HP à se scinder en deux, soit en filialisant l’activité imprimantes, soit en séparant l’informatique grand public de l’informatique d’entreprise. Selon cet analyste, HP est en effet prise en tenaille entre d’un côté Dell, qui exerce une forte pression sur les prix des produits informatiques d’entrée de gamme, et de l’autre IBM qui dispose sur le front du haut de gamme d’une offre plus complète que celle de HP. Or, explique Steven Milunovitch, HP a tout intérêt à se positionner en tant qu’alternative à IBM plutôt que de s’épuiser à essayer de contrer Dell. Pour cela, il conviendrait que le constructeur renforce son portefeuille de produits par le truchement d’acquisitions comme il l’a déjà fait en rachetant Compaq. Acquisition qui, selon lui, est un succès. Et de suggérer comme proie potentielle Sun Microsystems, auquel le même Milunovitch avait envoyé il y a quelque temps une lettre ouverte suggérant également des aménagements stratégiques.
IBM n’est pas un modèle
Bien sûr, Carly Fiorina ne pouvait pas s’abstenir de répondre à l’analyste de Merril Lynch. Ce qu’elle a fait, critiquant point par point ses vues sans toutefois le nommer explicitement. Comme mentionné plus haut, elle a affirmé que dans sa configuration actuelle, HP fait et fera dans les deux ans à venir le bonheur de ses actionnaires, et donc qu’aucune réorganisation urgente ne s’impose. Ensuite, elle a expliqué qu’il ne serait pas bon que HP se cantonne à certains segments du marché ? les entreprises ? et en abandonne d’autres. D’une manière générale, les entreprises technologiques ont intérêt à proposer des produits déclinables par segment plutôt que de se concentrer sur des niches verticales, a-t-elle déclaré prenant pour exemple la création de contenu numérique. Dans ce domaine, HP ambitionne de fournir produits et services aux producteurs de contenus, à ceux qui les distribuent et enfin aux consommateurs. Carly Fiorina estime en effet que le secteur des médias numériques contribuera à alimenter la croissance de HP dans le futur, de même que, côté entreprises, les produits et services destinés aux PME-PMI et l’informatique à la demande (voir édition du 12 mars 2004). Quant à IBM, la dirigeante pense qu’il n’est pas un exemple à suivre car il est positionné sur des secteurs à faible croissance – comme les bases de données, le middleware ou les mainframes – et sur d’autres ? les PC ou les semi-conducteurs ? où il n’atteint pas la taille critique. Dell ne trouve pas grâce à ses yeux non plus. Selon elle, le modèle économique qui a fait jusqu’à présent son succès atteindrait désormais ses limites. Enfin, Carly Fiorina a à peine évoqué le cas de Sun Microsystems, estimant que sur le marché où ce dernier s’est fait connaître (les serveurs), seuls deux acteurs comptent désormais : IBM et HP.