Carrier IQ, la superstar des logiciels espions
Une semaine après sa révélation au grand jour, Carrier IQ fait toujours parler de lui. Ce logiciel espion aurait élu domicile dans 141 millions d’appareils mobiles, avec la bienveillance des opérateurs américains.
L’affaire Carrier IQ s’enlise, une semaine après les découvertes ahurissantes du développeur Trevor Eckhart, qui a révélé au grand jour ce logiciel espion implanté sur 141 millions d’appareils mobiles, avec la bénédiction supposée des opérateurs américains.
D’Android à BlackBerry, il affecte de nombreuses plates-formes, aux Etats-Unis, a priori son seul terrain d’action.
A en croire celui qui a découvert le pot aux roses, le triumvirat dominant des acteurs de la téléphonie mobile d’outre-Atlantique aurait accordé sa bienveillance à la société éditrice de ce spyware à la polyvalence redoutable.
Verizon, AT&T et Sprint commercialiseraient ainsi en toute connaissance de cause des terminaux dont il n’est possible d’effacer Carrier IQ qu’au prix de fastidieuses manipulations qui requièrent des connaissances techniques.
Pour avoir fait état, sur la place publique, de cette tromperie à grande échelle, Trevor Eckhart s’est attiré les foudres de l’incriminé, qui lui aurait adressé des lettres de menaces pour « fausses allégations », réclamant un préjudice moral de 150 000 dollars.
La société Carrier IQ aurait même eu le culot d’inclure à la liste des documents joints à cette mise en demeure un court message que le plaignant était censé publier sur son blog.
« Ce logiciel n’a rien d’un rootkit, dénomination que je lui ai attribuée par erreur. Il n’influe en aucun cas sur le comportement des appareils qui l’intègrent« , stipulait cette annonce, jamais rendue publique.
A contrario, Eckhart a saisi l’Electronic Frontier Foundation, qui a contacté dans la foulée Carrier IQ.
Ce dernier s’est rétracté en conséquence face à l’ampleur d’accusations corroborées par une vidéo explicative, étrangement indisponible à l’heure actuelle.
On y entrevoit les fonctionnalités d’un keylogger (enregistrement de la frappe), l’interception des SMS sortants et le monitoring de la navigation Internet… jusqu’en mode sécurisé (HTTPS).
La confidentialité de mobinaute s’en trouve d’autant bafouée. Pas au goût de l’éditeur, qui évoque la nécessité d’établir des statistiques à destination des opérateurs, notamment « pour améliorer l’accrochage des réseaux et minimiser la consommation de batterie« , rapporte Information Week.
En parallèle, Verizon et consorts, à l’unisson, ont démenti en avoir eu un usage frauduleux.
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