Tendance de fond dans l’industrie IT, l’Internet des objets s’illustre à l’occasion du CES 2014.
Entre lunettes et montres connectées, la révolution est en marche. Tous les objets du quotidien ont vocation à devenir communicants, de la fourchette à la balance en passant par la brosse à dents. Mais selon Forrester, cette industrie constitue plus qu’une simple extension de la domotique : elle est entrée dans sa phase de « développement 2.0 », avec des implications attendues à court terme sur le marché des entreprises, sous l’impulsion de plus secteurs d’activité, en tête desquels la santé.
Au-delà de l’offre hardware, le potentiel de l’Internet des objets réside dans son écosystème d’applications et services. Les jonctions établies avec des domaines comme la biométrie laissent entrevoir de nouveaux modèles économiques et des usages concrets, notamment en matière d’authentification. Exemple chez les commerçants, qui pourraient proposer des offres personnalisées à leurs clients en les identifiant grâce à des données aussi complexes que le rythme cardiaque, spécifique à chaque individu. On peut alors imaginer des passerelles avec le paiement électronique.
Le pouvoir d’influence des objets connectés dépendra aussi de la capacité des industriels à les imposer dans les institutions et services de la vie courante. Outre la vente au détail, il faudra explorer des canaux de distribution comme les professionnels de la santé, les sociétés d’assurances, les salles de sport…
Contrepied à la consumérisation de l’IT (tendance, pour les salariés, à utiliser leurs équipements informatiques personnels au travail), l’Internet des objets pourrait créer de la valeur en entreprise grâce à des produits spécialisés à haute valeur ajoutée. Epson s’est engagé sur cette voie avec ses lunettes interactives Moverio, dont les capteurs associés à une technologie de réalité augmentée ont permis à un phlébologue de localiser les veines dans le bras d’un patient.
Si ces objets communicants ont le potentiel de changer la manière dont les entreprises exercent leurs activités, en améliorant productivité et bien-être des salariés, leur multiplication soulève des questions en matière de sécurité informatique.
Selon l’expert Bruce Schneier, auteur d’une tribune sur Wired, « l’Internet des objets est vulnérable et il n’y a pas de moyen efficace pour le sécuriser« . Il fait l’analogie avec le milieu des années 90, où les menaces virales ont atteint un niveau record sur les ordinateurs personnels. « Les éditeurs tentaient de garder les failles secrètes et ne proposaient donc pas de correctifs. Et lorsque ces derniers étaient diffusés, il était très difficile de les faire installer aux utilisateurs finaux« .
La situation a évolué depuis lors, notamment grâce aux mises à jour automatiques, mais la problématique se reproduit aujourd’hui avec l’Internet des objets. « Les industries produisant ces terminaux sont encore moins capables de résoudre le problème que l’étaient les industriels du PC et du logiciel« , résume Bruce Schneier.
Et pour cause : dans l’Internet des objets et plus globalement l’embarqué, peu d’attention est portée au support des produits et des puces sur le long terme, pour des raisons de rentabilité et de recours à la sous-traitance. « Alors que les fabricants de semi-conducteurs sont occupés à développer la prochaine version de leurs composants, les ODM [« Original Design Manufacturer »] mettent à jour leurs produits pour qu’ils fonctionnent avec cette nouvelle puce« , explique Bruce Schneier. Et d’en conclure : « Assurer le support des anciens équipements et processeurs n’est donc pas une priorité« … lorsque l’une des entités a effectivement l’expertise pour développer des patchs.
Les comportements des cybercriminels commencent à évoluer en conséquence. Le malware DNS Changer s’est récemment distingué en infiltrant des routeurs domestiques, tout comme ce ver Linux détecté le mois dernier par Symantec… et qui visait aussi les caméras IP.
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