Un compte de messagerie instantanée peut-il faire office de carte d’identité ?
Les autorités chinoises mènent une expérimentation dans ce sens avec WeChat.
Le périmètre est pour l’heure limité à un quartier de la ville de Guangzhou, capitale de la province du Guangdong, dans le sud-est du pays.
Une dizaine d’institutions – dont China Construction Bank – et d’organes gouvernementaux sont dans la boucle. Un passage à l’échelle nationale est prévu pour le mois de janvier.
L’idée n’est pas, à en croire la première agence de presse du Parti, de remplacer la carte d’identité, mais d’en créer, à partir d’un selfie pris avec l’application WeChat, une version électronique « allégée » qui permet d’accomplir un certain nombre de formalités : acheter des titres de transport, s’enregistrer à l’accueil d’un hôtel, ouvrir un compte en banque…
La carte plastique resterait nécessaire pour bénéficier de droits comme l’enregistrement d’une société. Des automates à lecture optique doivent être mis en place dans ce cadre.
Pékin affiche sa confiance envers un tel système, du fait qu’un compte WeChat ne peut être créé qu’avec un numéro de téléphone… qui lui-même requiert, depuis 2013, la fourniture d’une pièce d’identité.
Le groupe Tencent, qui possède le service connu sur place sous le nom « Weixin », revendique, au dernier pointage, une moyenne quotidienne de 902 millions d’utilisateurs connectés.
Cette base est située à environ 95 % en Chine, où l’application, lancée en 2011 sous l’angle de la messagerie instantanée, est devenue une véritable plate-forme sociale et marchande qui permet de passer de passer des appels voix et vidéo (205 millions au mois de septembre 2017), de commander des places de cinéma, de réserver des courses en taxi ou encore d’interagir avec des solutions BtoB comme Marketo.
La ville de Wuhan, dans la province du Hubei, avait déjà communiqué, l’an dernier, sur le lancement d’une expérimentation de « carte d’identité numérique », mais autour des comptes Alipay, du nom du service de paiement exploité par Alibaba via sa branche Ant Financial.
De telles relations entre pouvoirs publics et sociétés privées posent question, tout particulièrement à l’heure où Pékin élabore un système de « crédit social » fondé sur la notation des entreprises et des citoyens.
Pour l’heure facultatif (il est prévu de le rendre obligatoire en 2020), le dispositif ne récompense encore que les « bons » citoyens, sur la base de nombreux critères mesurés notamment à partir de données issues des réseaux sociaux. À terme, il pourrait conditionner l’accès aux transports publics, aux logements sociaux, voire à l’emploi et à Internet.
Crédit photo : Go-tea 郭天 via Visualhunt.com / CC BY
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