Enjeu majeur pour l’industrie cinématographique, le passage à la projection numérique de films ne fait que commencer aux Etats-Unis où 120 salles seulement sont équipées. En Europe, 150 fonctionnent déjà en Grande-Bretagne, tandis que la Belgique, la France et le Luxembourg s’équipent aussi. La technologie existe bel et bien : les appareils de projection génèrent une image d’une qualité supérieure à la pellicule. Texas Instrument, avec des appareils d’une définition de 2 048 par 1 080 pixels, encore appelés 2k, serait en situation de monopole aux Etats-Unis, selon nos confrères du New York Times. Mais la concurrence s’organise : Sony entend entrer sur le marché en présentant cette semaine à Hollywood un projecteur 4k, d’une résolution deux fois supérieure. Kodak développerait son propre projecteur 4k pour 2005 ou 2006. Pour l’heure, le principal frein à l’adoption de ces outils reste le coût : près de 150nbs p000 dollars (122 000 euros) pour un appareil, soit de trois à six fois le prix d’un projecteur traditionnel ! Mais les bénéfices à tirer d’un passage au tout-numérique sont énormes pour les distributeurs : 1 200 dollars (1 000 euros) par copie. Près de 1 milliard d’euros par an, selon Screen Digest, une société d’études londonienne.
Pour les patrons de salles de cinéma, le tout-numérique est un investissement important, c’est pourquoi ils demandent aux distributeurs de financer l’acquisition du matériel. Ces équipements devraient leur permettre d’animer un peu plus les salles et de diversifier leurs activités. Une aubaine pour les producteurs indépendants qui ne disposent pas aujourd’hui des moyens pour distribuer des copies. Déjà, quelques salles ouvrent leurs portes à des sociétés de production de documentaires et diffusent des courts-métrages ou des films d’animation. Ainsi du cinéma Le Balzac à Paris, qui entend bien diversifier sa programmation grâce à des films n’existant pas en 35 mm. Outre les documentaires et les courts ou moyens-métrages, cette salle propose des images d’archives, des films restaurés…
Un PowerMac et Final Cut Pro…
C’est sur ce créneau qu’il faut attendre Apple : sa solution de production de films facilite l’accès au tout-numérique, comme le film Vidocq, qui a fait figure de précurseur dans le domaine (voir édition du 19 septembre 2001). « Nous faisons appel de plus en plus aux services d’indépendants qui disposent des solutions Apple. Un PowerMac et Final Cut Pro suffisent souvent », précise une société parisienne de production de documentaires. Du coup, le billet d’entrée pour la production de films est beaucoup moins élevé qu’il y a cinq ans : cette année à Cannes, un premier film monté avec iMovie, la solution la plus simple d’Apple, a reçu la consécration à la « Quinzaine des réalisateurs ». Créé par l’acteur Jonathan Caouette, Tarnation, toutefois projeté sur pellicule, inaugure l’utilisation du DV pour les petites productions indépendantes. Le film a été produit pour l’équivalent de 180 euros, selon nos confrères du Guardian Unlimited. Il va être distribué aux Etats-Unis et sous peu en Grande-Bretagne. iMovie et le DV font déjà bon ménage depuis ses débuts (voir édition du 6 février 2002). Hormis l’aspect anecdotique de ce projet, force est de constater qu’un pan entier de la production de films devrait accéder aux salles obscures dans un avenir pas si éloigné. Et les solutions vidéo et cinéma Apple n’y seront pas étrangères.
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