Clan PowerPC : la réinvention du RISC
Les trois compères du PowerPC sont désormais Apple, IBM et Freescale Semiconductor, filiale de Motorola. Rien ne change, tout change ?
Si l’architecture PowerPC est née dans les années 90 pour concurrencer les Pentium, les observateurs avaient plutôt tendance à la considérer comme moribonde. Mais les cartes viennent d’être redistribuées avec la restructuration de Motorola. Et Freescale Semiconductor, filiale de la division semi-conducteurs de Motorola, prépare activement la résurrection des produits de la firme aux ailes d’argent (voir édition du 22 avril 2003). Le MPC 7447A (voir édition du 4 mars 2004) se présente comme une puce de transition. La firme dispose en effet déjà d’un plan de bataille, diffusé sur Internet pour détailler le développement d’un SoC (System on a Chip, système sur puce). L’idée est d’intégrer un large éventail de fonctions périphériques dans les processeurs eux-mêmes et d’utiliser ces puces dans les domaines des communications et de l’électronique embarquée. A cette fin, Freescale peut compter sur les nombreuses technologies issues de Motorola qui tombent dans son escarcelle : fabrication de processeurs (avec RapidIO), réseau (avec Ethernet, ATM, HDLC…), bus informatiques (PCI, PCI-X, PCI Express), contrôleurs de mémoire, etc. En axant son développement sur SoC (voir encadré), Freescale entend devenir le champion de la transmission de données.
AIM devient AIF
Cette stratégie affichée de Freescale fait toute la lumière sur la mutation du trio AIM (Apple, IBM, Motorola) en AIF (Apple, IBM, Freescale). Apple n’a plus face en face d’elle deux concurrents mais deux partenaires, chacun s’appuyant sur ses acquis : IBM entend mettre en avant ses recherches sur les puces destinées aux serveurs (voir deuxième encadré), tandis que Freescale apporte son savoir-faire en matière de technologies réseaux. De quoi permettre à Apple de s’approvisionner à terme auprès de Big Blue pour ses produits destinés aux entreprises et d’utiliser les composants de Motorola pour leurs autres qualités. Ce partage de risques permettrait tant à IBM (voir édition du 18 février 2003) qu’à Motorola de faire des économies d’échelle et de rester concentrés sur leurs spécialités respectives. Tous les analystes ne sont toutefois pas en phase avec cette stratégie : pour James Turley, de la firme Silicon Insider, interrogé par nos confrères de Technewsworld, « Apple ne vend pas assez de Macintosh pour justifier l’existence de deux fournisseurs de processeurs. IBM ou Motorola peuvent produire bien plus de puces qu’Apple en aura jamais besoin. » Mais peut-être est-ce justement l’effet recherché par ces deux partenaires : utiliser la part d’Apple dans leur chiffre d’affaires pour augmenter l’impact du PowerPC sur leurs marchés.