Clic and Walk est-il une « victime collatérale de la guerre entre l’État et Uber » ?
C’est ce que prétend Frédérique Grigolato, CEO et cofondatrice de cette start-up qui donne dans le crowdmarketing avec une application mobile utilisée pour recueillir des données « à chaud » auprès des consommateurs.
Le 21 juin dernier, Clic and Walk a, selon L’Express, reçu la visite des forces de l’ordre, à la demande de l’Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI).
Plusieurs salariés ont été entendus à cette occasion au poste de gendarmerie de Villeneuve-d’Ascq (Nord), à proximité de Roubaix, où est implantée la jeune pousse fondée en 2012.
En toile de fond, des soupçons de travail dissimulé : il se pourrait que les utilisateurs de l’app mobile Clic and Walk (350 000 en Europe, dont 160 000 en France) soient en fait des salariés au sens de la loi.
Dans la pratique, ils sont rémunérés contre des missions géolocalisées pour le compte de grandes marques parmi lesquelles L’Oréal, AXA, Intermarché, La Halle ou Bricomarché.
Lesdites missions peuvent consister à vérifier la présence en magasin de certains produits et supports promotionnels, à évaluer leur visibilité, à vérifier les prix et éventuellement à les tester.
Au-delà de ces actions qui doivent permettre aux marques de mesurer leurs investissements en points de vente, le consommateur a la possibilité de partager ses usages et ses habitudes en répondant à des questions et en prenant des photos.
Ainsi Orange s’est-il appuyé sur les informations géolocalisées de Clic and Walk pour repérer les commerces équipés en systèmes de paiement sans contact, quand Logitech s’en est servi pour déterminer quels vendeurs avaient besoin d’une formation complémentaire.
Les « ClicWalkers » sont récompensés à hauteur de 1 à 6 euros par mission finalisée. Selon Frédérique Grigolato, les plus gros contributeurs touchent entre 1 500 et 2 000 euros par an.
Dans ses CGU, Clic and Walk prend des précautions pour laisser comprendre que cette activité ne relève pas du salariat. Ainsi peut-on lire, à l’article 4 : « En toutes hypothèses, le ClicWalker n’est soumis à aucun lien de subordination ».
Et de préciser : « Le ClicWalker reconnaît d’ailleurs […] qu’il a la qualité d’un prestataire de services libre et autonome dans l’exécution de ses Missions [sic], réalisées de manière occasionnelle ».
Uber avance les mêmes arguments dans son combat face à la caisse nationale du réseau des Urssaf, qui a requalifié ses chauffeurs en salariés et réclamé les sommes correspondantes par le biais d’un redressement.
L’entreprise américaine considère que ses chauffeurs sont des indépendants qui « choisissent d’être leur propre patron », tout comme Clic and Walk estime que ses utilisateurs « [gèrent] la réalisation [des missions] en fonction de [leur] emploi du temps, étant précisé [qu’ils peuvent] l’abandonner à tout moment ».
En la matière, il existe une décision de la Cour de cassation datée du 6 mai 2015 et selon laquelle le statut d’indépendant est fictif si un individu travaille dans le respect d’un planning quotidien ou s’il lui est assigné un objectif de chiffre d’affaires.
Selon Bpifrance, entré au capital de Clic and Walk en 2015, l’émergence de l’économie collaborative « oblige à faire évoluer les lois, mais […] le mode de rémunération des ClicWalkers respecte le cadre actuel ».
En illustration, Frédérique Grigolato.
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