Cloud : qui s’impose dans les bases de données
Le segment des bases de données as a service – aussi appelées SGBD cloud managés – représente déjà un tiers du marché et sa croissance va se poursuivre selon Gartner. Passage en revue des leaders.
Le multicloud, réalité encore embryonnaire dans l’univers des bases de données ? C’est l’analyse que fait Gartner dans son premier Magic Quadrant consacré au dbPaaS.
Ce segment de marché regroupe les SGBD cloud managés (dont le fournisseur assure la gestion). Gartner estime qu’il a engendré, en 2019, près d’un tiers des revenus mondiaux des bases de données (17 milliards de dollars sur 55,4). Et affirme qu’il en représentera la moitié à l’horizon 2023. Entre-temps devrait s’être amorcée une phase de consolidation.
Pour le moment, entre pure players et CSP, le marché foisonne d’acteurs… et d’offres. Le Magic Quadrant s’en ressent : sur les 16 sociétés qui y figurent, la moitié se positionnent dans la catégorie des « leaders ».
Qu’il s’agisse d’AWS avec Outposts, d’Oracle avec ExaCC ou de Google avec Anthos, les initiatives « cloud hybride » ne manquent pas, constate Gartner.
On ne peut pas en dire autant sur l’approche multicloud. Si les principaux ISV suivent la tendance, les CSP se montrent longs à la détente. IBM se distingue néanmoins avec son Cloud Pak for Data. Google aussi, dans une moindre mesure, avec BigQuery Omni, service expérimental qui permet d’exécuter la plate-forme d’analytique sur Azure et AWS.
Microsoft et sa « vision data globale »
AWS, au contraire, hérite d’un mauvais point sur le volet multicloud. Gartner déplore aussi une « tendance au sur-mesure » ; en d’autres termes, à axer les services sur des usages particuliers. Il peut notamment en résulter des complications au niveau de l’intégration de données.
La branche cloud d’Amazon a en revanche pour elle de la maturité, ainsi que des produits performants et plus fiables que chez les autres fournisseurs hyperscale.
Gartner salue pareillement la qualité et la profondeur du catalogue de Microsoft. Il note aussi sa « vision data globale », que symbolise Azure Synapse Analytics. En reconnaissant cependant que si la partie data warehouse est disponible, les autres composantes émergent encore.
La firme de Redmond montre par ailleurs ses limites sur le multicloud. Entre autres de par son modèle de licence qui rend SQL Database et SQL Managed Instance plus économiques à déployer sur Azure.
Chez Google, Gartner salue la solidité du réseau de partenaires. Mais constate que le support pêche, en particulier chez les nouveaux clients. Le cabinet américain exprime aussi la crainte d’un enfermement (lock-in) sur Cloud Spanner. Les applications écrites pour ce dbPaaS transactionnel ne fonctionnent en l’occurrence que sur GCP, seul cloud à héberger les horloges matérielles qu’elles exploitent.
Couverture fonctionnelle
D’autres souffrent d’un problème de visibilité. IBM est dans ce cas, en plus de devoir encore, selon Gartner, faire des efforts pour transformer sa culture commerciale. SAP l’est aussi, en tout cas au-delà de sa clientèle existante. Même si, en parallèle, l’éditeur allemand se démarque sur la couverture fonctionnelle et l’historique de HANA.
Un autre élément joue en défaveur de SAP : la perception de ses offres comme onéreuses. Souci que rencontre aussi Oracle. Idem pour Teradata, aussi servi que desservi par son focus sur l’analytique, estime Gartner.
De couverture fonctionnelle, il est aussi question chez Alibaba, et dans le bon sens. Gartner souligne aussi sa capacité d’innovation. Et donne pour exemple la base de données relationnelle ApsaraDB for PolarDB, support du « shopping festival » organisé le 11 novembre dernier sur la marketplace du groupe chinois.
La nationalité d’Alibaba lui vaut une présence sans égale en Asie, mais aussi les réserves de Gartner sur le volet géopolitique. Bien que l’entreprise soit autonome dans ses approvisionnements, elle est susceptible de faire les frais de guerres commerciales ou de sanctions « à la Huawei ».
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