Club Internet relance une offensive sur fond de très haut débit

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ADSL 2+, voix et télévision sur IP, dégroupage total, construction d’un réseau IP… Le service d’accès sort le grand jeu.

« Club Internet change de métier, il passe de fournisseur d’accès au métier d’opérateur télécoms. » Pour Marie-Christine Levet, les 10 ans de Club Internet ne passeront pas inaperçus. « 2005 est l’année du rattrapage », confirme la présidente de T-Online France. Il est vrai que, ces derniers mois, le premier FAI à avoir lancé une offre forfaitaire bas débit (juin 1999) puis ADSL (novembre 2000) a manqué de dynamisme. Du coup, sur le million d’abonnés, seuls 260 000 ont souscrits à l’offre ADSL (dont 80 000 ont adopté le service de téléphonie sur Internet).

Mais tout va s’accélérer dans les prochaines années, assure la direction de la filiale française de T-Online qui affiche clairement ses ambitions : détenir 15 % du marché du haut débit d’ici trois ans. Soit, 1,5 million d’abonnés haut débit si l’on se base sur l’estimation évaluée, par le précédent gouvernement Raffarin (voir édition du 13 novembre 2001), à 10 millions de lignes haut débit en service à l’horizon 2010 (contre 7 millions aujourd’hui). Club Internet veut se positionner parmi les trois premiers opérateurs alternatifs.

6 500 kilomètres de fibres optiques

Cet ambitieux objectif passera par la construction d’un réseau tout IP, passage obligé pour la maîtrise des services et de leur qualité. 6 500 kilomètres de fibres optiques parcourront le territoire national avec une artère de 80 Gbits/s avec des liens à 10 Gbit/s pour éviter les goulots d’étranglement dans les zones denses. Ce réseau, exclusivement exploité pour la commercialisation d’offres grand public, couvrira à la fin de l’année 250 agglomérations à travers 300 DSLAM (les concentrateurs des lignes ADSL déployés dans les répartiteurs de France Télécom) contre seulement 5 aujourd’hui. Au total, 10 millions de lignes téléphoniques seront éligibles représentant 50 % de la population Internet.

Pour assurer un tel déploiement, T-Online ne lésine pas sur les moyens. La maison mère annonce investir entre 0,8 et 1 milliard d’euros sur la France et l’Espagne dans les trois ans à venir, dont 500 millions seront exclusivement consacrés à la construction du réseau. Tout en se gardant de préciser la répartition de ses investissements de part et d’autre des Pyrénées, Andreas Kindt a laissé entendre que la France s’accaparerait la majorité des fonds. « La France est un marché clé pour T-Online », soutient le directeur du développement chez T-Online. Le reste du budget sera consacré aux opérations marketing essentiellement.

Vers les 50 mégabits

L’opérateur retourne à son avantage le retard pris dans la maîtrise de son propre réseau en annonçant profiter des dernières innovations technologiques en la matière. L’infrastructure de T-Online pourra évoluer vers le VDSL 2 qui offrira 50 Mbits/s. D’ici là, Club Internet lancera l’ADSL 2+ le 20 juin prochain aux conditions similaires à celles de l’offre 8 mégabits actuelle (voir édition du 26 avril 2005). Soit 14,90 euros par mois avec une promotion à 9,90 euros les trois premiers mois (location du modem 3 euros non comprise). Soit l’une des offres les plus agressives du moment. Bonne nouvelle pour les fidèles, les abonnés actuels bénéficieront automatiquement de ses nouvelles conditions commerciales. « Nous repositionnons tous les anciens clients vers les nouveaux tarifs », avance la présidente de Club Internet.

L’ambition de T-Online France ne s’arrête évidemment pas à la fourniture d’accès et passe par le déploiement de nouveaux services. « Nous visons la meilleure offre triple play », lance Marie-Christine Levet. Si l’accès haut débit et l’offre téléphonique ne sont plus à démontrer, il restera à vérifier la pertinence de l’offre télévisuelle. Club Internet a décidé de frapper un grand coup avec une offre de vidéo à la demande (VoD) qui viendra compléter la réception des chaînes de télévision traditionnelles, gratuites et payantes. Les négociations sont en cours avec les diffuseurs et majors du cinéma. Club Internet devrait pouvoir bénéficier du catalogue proposé par T-Online qui exploite déjà la VoD en Allemagne.

En partenariat avec Microsoft

Mais c’est surtout par le service qui accompagnera l’offre audiovisuelle que l’opérateur compte séduire les internautes. Le fournisseur d’accès a passé un accord de partenariat avec Microsoft pour fournir une pléthore de services : interface piloté à la télécommande avec affichage dynamique du guide des programmes, programmation des enregistrements (y compris à distance via une interface Web), incrustation d’images d’autres chaînes dans l’image principale, support du surfing qui permet de profiter de plusieurs angles de vue d’un même programme (quand cela est proposé par le diffuseur) et, convergence numérique oblige, alerte visuelle des appels téléphoniques. Sans oublier le traditionnel diaporama de photos personnelles.

Le tout se pilotera à partir d’un décodeur indépendant du modem. Ce set top box permettra, à l’avenir, de gérer plusieurs flux audiovisuels pour les distribuer sur différents moniteurs de la résidence et permettra de stocker les enregistrements sur des disques durs externes. Le boîtier contiendra son propre système d’exploitation qui le rend totalement indépendant du PC. Le service ne sera pas présenté avant la fin de l’année et Club Internet reste discret sur son mode de commercialisation ainsi que sur les technologies employées. Parallèlement, T-Online France abordera à son tour le dégroupage total. Cette fois c’est sûr, Club Internet signe son grand retour.