La CNIL en a-t-elle véritablement fini avec Cindy Mouly ?
Dans une décision du 16 mars 2017, l’autorité administrative acte la clôture de la mise en demeure adoptée le 26 septembre dernier à l’encontre de la société W.M.G, à travers laquelle l’intéressée avait mis en œuvre l’application mobile Gossip.
Proposant de « démocratiser les potins de façon totalement anonyme », ladite application avait, à a sa sortie en 2015, enregistré plusieurs dizaines de milliers de téléchargements en quelques semaines.
Comme sur Snapchat, la dimension « éphémère » était mise en avant dans la diffusion des « ragots » (texte) et des « preuves » (photos vidéos).
Face à l’attrait des jeunes, Gossip avait fini par se retrouver dans le collimateur des parents, mais aussi des syndicats de l’enseignement secondaire. Notamment la Fédération indépendante et démocratique lycéenne, qui avait appelé à l’interdiction d’une application « [encourageant] le harcèlement ».
Sous la pression, W.P.G. avait temporairement suspendu l’exploitation du service, annonçant sa fermeture aux mineurs et le renforcement du dispositif de modération. Assurant avoir voulu cibler les 20-35 ans, Cindy Mouly avait déploré qu’une « erreur » sur iTunes eût permis aux internautes de s’inscrire dès l’âge de 12 ans.
Se disant « alertée » par voie de presse, la CNIL s’était intéressée à Gossip… et avait constaté l’évolution de son modèle, marqué par une distanciation vis-à-vis de l’aspect « éphémère ».
À l’issue de deux contrôles menés en juin 2016 (l’application comptait alors 630 000 téléchargements), la commission avait perçu des dérives au regard de la loi Informatique et Libertés : un « non-respect de la vie privée et des libertés individuelles » doublé d’une « absence de base légale pour la mise en œuvre du traitement ».
Ayant noté qu’il était possible, pour tout utilisateur, de publier de façon anonyme des contenus sur n’importe quelle personne faisant partie de son répertoire téléphonique ou de ses amis Facebook (le potin étant alors visible par tous les autres membres qui ont dans leurs contacts la personne visée), la CNIL avait dénoncé un procédé « odieux » relevant de la calomnie. Ne serait-ce que de par l’éventualité de propagation de commérages sur quelqu’un n’utilisant pas l’application.
Ayant reçu, les 3 et 24 novembre, des courriers de réponse à sa mise en demeure, la CNIL avait effectué un nouveau contrôle le 16 décembre. Elle avait déterminé que l’application, bien qu’encore disponible (mise à jour du 14 novembre, en v3.2 sur iOS et 3.8 sur Android), ne fonctionnait plus.
Les derniers commentaires sur l’App Store en témoignent : « Quand j’essaie d’ouvrir l’application, elle charge, elle charge, elle charge pendant plus de 10min [sic] et rien ne se passe », « L’application ne s’ouvre pas […] », « L’application ne charge pas on a beau l’ouvrir elle peut rester en page de chargement pendant des heures », etc.
Alors, l’histoire est finie ? Pas vraiment.
Affirmant au Nouvel Observateur regretter « que la CNIL ait retenu quelques messages problématiques postés librement par les utilisateurs et qui sont malheureusement inhérents à l’utilisation des réseaux sociaux », Cindy Mouly a préféré désactiver l’app… pour en relancer une autre dans la foulée, via une société baptisée D.B.M. Limited et domiciliée à Hong Kong.
Difficile de ne pas percevoir, dans la phrase d’accroche de ce service nommé XOXO (« bisou » en langage SMS), un parallèle avec Gossip : « Rejoignez gratuitement et anonymement l’application pour découvrir et partager vos délicates arrière-pensées. […] Dites sans tabou sous forme de texte ou d’image tout le bien que vous pensez de votre entourage ».
D’une app à l’autre, certaines composantes disparaissent, dont l’agrégateur de nouvelles du Web (Broadcast) et le chat privé. La terminologie évolue aussi : les « langues de velours » sont invités à partager non plus des « rumeurs » en 140 caractères, mais des « on-dit » ; quant aux « preuves », elles deviennent des « scoops », visibles pour une durée de 24 heures.
Le « Réseau », lui, reste l’ensemble des contacts présents sur la liste téléphonique et/ou le compte Facebook d’un utilisateur, comme précisé dans les CGU…. où la mention faisant état d’un usage réservé aux plus de 18 ans n’est pas présente – alors qu’elle l’est dans les conditions générales de Gossip.
D.B.M. Limited spécifie que ses CGU sont « soumises au droit Hong Kongais [sic], ainsi que toutes les questions liées à leur conclusion, à leur interprétation, à leur mise en œuvre et à l’utilisation de l’Application [sic], et à la compétence exclusive des juridictions françaises ».
La CNIL ne s’est, pour l’heure pas officiellement intéressée à XOXO. Il faut dire que l’application n’a dépassé les 10 000 téléchargements ni sur iOS (version 1.0.1 du 15 novembre 2016), ni sur Android (v1 du 14 novembre), où elle n’a bénéficié que de 13 évaluations, pour une moyenne de 3,2/5 étoiles.
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