Comment connecter la « France d’en bas »

Mobilité

Le gouvernement élabore une offre couplée PC-Internet pour les familles aux revenus modestes. Un objectif louable mais dur à atteindre.

La formule « PC à un euro par jour » marche avec les étudiants dans le cadre du programme MIPE (voir édition du 22 septembre 2005), pourquoi pas avec les familles aux revenus modestes ? A l’occasion du Comité interministériel de la société de l’Information qui s’est déroulée mardi matin, le gouvernement a décidé de proposer une offre « PC + Internet » à un euro par jour destinée aux familles aux revenus modestes.

Sous la houlette de la Délégation aux usages de l’Internet (DUI) rattachée au ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, cette offre reposerait sur un ordinateurs de qualité et bon marché, une connexion Internet, un dispositif de formation et d’accompagnement à domicile. Le principe est simple : un euro par jour pendant trois ans.

Cette nouvelle initiative de la DUI est une « niche » particulière dans le programme Internet Accompagné initié en mars 2006 (voir édition du 23 mars 2006), qui visait jusqu’ici essentiellement les personnes néophytes en TIC (principalement les personnes âgées dites séniors). Mais cette fois-ci, le gouvernement compte s’adresser aux foyers aux revenus les plus modestes tout en maintenant le principe d’une coopération multi-partenaires à la fois privés et publics.

Comment cette offre va-t-elle se concrétiser ? A partir du premier trimestre 2007, les familles aux revenus modestes pourront adhérer à la déclinaison spécifique d’une offre de produits et services numériques « clés en main ». Cette offre comprend un ordinateur fixe d’entrée de gamme. « Ce sera du matériel neuf. Pas des produits au rabais », assure Benoît Sillard, Délégué aux usages de l’Internet. Ce PC donnerait l’accès à l’Internet bas débit de manière illimitée. Quant à l’option haut débit, elle serait facturée 15 euros TTC par mois au maximum, assure le porte-parole de la DUI. L’offre comprend des logiciels de bureautique, de communication, de navigation et de sécurisation. Le programme incluera des garanties matérielles et logicielles étendues, d’un service d’installation et de formation à domicile.

A la recherche de partenaires et de financement

Il va falloir faire preuve de tenacité pour que les partenaires du secteur privé intègre ce dispositif. Les FAI n’ont pas l’habitude de communiquer vers ce segment de clientèle. Si des opérateurs comme Orange, Neuf Cegetel ou Club Internet ont accepté de rejoindre le programme Internet Accompagné, il n’est pas sûr qu’ils suivent aussi le gouvernement pour connecter « la France d’en bas ».

Difficile d’éluder la question du financement. La DUI met en avant deux idées : le principe du Chèque Emploi Service Universel (CESU) pré-financé dans le cadre des politiques sociales dentreprises, de mutuelles et de collectivités territoriales et la mise en place dune garantie de l’Etat pour faciliter l’accès de certaines familles aux prêts à un euro par jour.

Qu’entend-t-on par « famille aux revenus modestes » ? Là aussi, les critères restent à affiner à la rentrée. Dans l’esprit de Benoît Sillard, on pourrait retenir comme segment de population les foyers bénéficiant du tarif aidé de l’électricité (ce qui représente 1,5 million de foyers en France).

Une initiative louable car elle esquisse une solution concrète pour réduire la fracture numérique en France. Des prestataires avaient déjà tenté de développer des formes d’accès Internet en collaboration avec des bailleurs de logements sociaux. Par exemple, en 2003, le programme cadre Facil (acronyme de Favoriser l’Accès à la Communication Internet aux Locataires de l’habitat social) avait été mis en place. Ce dispositif, qui alliait un ordinateur avec un accès Internet, avait été déployé dans le Cottage Social des Flandres, un organisme d’habitat social du Nord-Pas-de-Calais. Mais, depuis, le programme Facil est tombé dans les limbes. La donne change avec le dispositif soutenu par la DUI car il s’agit d’emblée d’un projet d’envergure nationale. Un programme qui pourrait marcher si un compromis est trouvé entre tous les partenaires privés et publics pour dépasser la question de la solvabilité des utilisateurs finaux.


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