IBM devait annoncer lundi 10 mai une stratégie dans le domaine des logiciels pour PC de bureau et autres terminaux utilisés en entreprise. Cette stratégie, dont les prémices avaient été dévoilées il y a un an (voir édition du 15 avril 2003), consiste à proposer une nouvelle version serveur de Workplace (voir édition du 6 novembre 2003), la suite de logiciels de travail collaboratif auxquels l’utilisateur final accède depuis un simple navigateur. Workplace est en cela conforme au principe du client léger promu à la fin des années 90 par Sun Microsystems et Oracle comme alternative à l’approche dite Wintel du couple Microsoft-Intel, dans laquelle l’application réside sur le PC de l’utilisateur et requiert au fil des mises à jour toujours plus de puissance de calcul. Et de fait, IBM se pose en alternative à Microsoft. Car Workplace, qui offre des fonctionnalités de messagerie, de travail collaboratif, de portail, se voit complété par la suite bureautique libre OpenOffice. Les avantages d’une architecture centralisée sont connus : plus facile à administrer et à sécuriser, plus économique… Dans le cas d’IBM, l’intérêt est également de s’affranchir du système d’exploitation, tant côté serveur que côté terminal. En effet, Workplace fonctionne avec le middleware d’IBM, WebSphere, et non pour un système d’exploitation donné, ce qui signifie que l’application ou les applications regroupées au sein du portail sont accessibles depuis un PC sous Linux, Unix, Windows ou même un Macintosh, ainsi qu’à partir d’une large gamme d’autres terminaux.
En attendant Longhorn
Un travailleur nomade pourra ainsi consulter ses documents ou encore les informations relatives à un client depuis son assistant personnel ou son téléphone portable. En ce qui concerne la politique tarifaire, IBM prévoit de facturer, en plus du serveur, 2 dollars par mois et par utilisateur. En résumé, l’originalité de l’approche d’IBM est de ne pas proposer aux entreprises une migration de tout leur parc de PC vers Linux et une suite bureautique alternative à Office, mais plutôt de faciliter la cohabitation de postes sous Windows et sous Linux, de postes équipés d’Office, notamment pour les employés qui en utilisent les fonctions avancées, et d’autres d’OpenOffice… Depuis quelques mois, proposer aux entreprises une alternative au duo Windows-Office est un objectif commun à beaucoup de fournisseurs informatiques. Sun Microsystems, Novell ou encore Red Hat s’y essaient. Que le premier groupe informatique mondial se lance dans la course constitue évidemment une menace plus inquiétante pour Microsoft. D’autant plus que, d’ici la sortie de Longhorn, la prochaine version de Windows qui n’est pas attendue avant 2006, les entreprises auront tout loisir d’étudier les offres alternatives et, le moment venu, de les choisir, réduisant ainsi leur dépendance à Microsoft. Au risque de lui substituer une autre dépendance, vis-à-vis d’IBM cette fois-ci.
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