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Levée de fonds : Comuneat préfère l’expertise à la méthode Uber

« Les revenus que vous percevez grâce à notre plate-forme ? Oui, oui, il faut les déclarer, sur le formulaire 2042 C ».

Petit point fiscalité avec Théo de Bentzmann en marge de la levée de fonds bouclée par sa société Comuneat.

Un groupe de business angels emmené par Michaël Benabou (cofondateur de Vente-Privée) a injecté 1 million d’euros dans la start-up parisienne, avec une option de financement additionnel.

Ce premier tour de table portera plusieurs objectifs, dont le renforcement du service de livraison monté avec la plate-forme de coursiers Stuart et le développement de l’offre en Île-de-France.

Mais de quelle offre parle-t-on au juste ? D’une place de marché online qui met en relation des particuliers afin d’acheter et de vendre des plats cuisinés maison.

À chacun sa toque

Dans la vague de l’économie collaborative, Comuneat précise n’agir qu’en qualité de courtier : la jeune pousse n’est ni une entreprise de restauration, ni un revendeur de denrées alimentaires.

Les plats sont effectivement préparés par les membres de la communauté… pour les membres de la communauté.

Sur les 1 000 « chefs cuistots » revendiqués (pour 17 000 utilisateurs), seuls 15 à 20 % sont des cuisiniers réguliers qui proposent, chaque soir ou presque, des menus. C’est le principe même de Comuneat : pas de rythme imposé. « Certains ne font qu’une vente par semaine, voire tous les 15 jours », explique Théo de Bentzmann.

Les cuisiniers les plus actifs font figure d’ambassadeurs dans cette communauté construite, selon le président-fondateur de Comuneat, « à contre-courant du marketing viral » incarné par un Uber qui privilégie la croissance à la rentabilité.

Du financement et de l’expertise

Tout le monde ne peut pas être un Uber ? C’est ce que laisse entendre Théo de Bentzmann. « Les VC me l’affirment : les levées de fonds avec faibles KPI [indicateurs de performance, ndlr] et rentabilité à moyen ou long terme, c’est terminé ». Et d’ajouter, quand on lui évoque la perspective d’une bulle, qu’elle a « déjà commencé à exploser ».

Dans ce contexte, Comuneat aurait pu choisir la voie du crowdfunding. Sauf que la start-up recherchait des investisseurs expérimentés.

« Le financement participatif, c’est excellent pour valider un projet auprès d’une communauté. Mais la communauté, on l’a. Ce dont on a besoin à notre stade de développement, c’est d’expertise en entrepreneuriat », assure Théo de Bentzmann, qui ne communique pas l’identité des business angels ayant apporté leur contribution, mais assure qu’ils ont en commun d’avoir été présents à la genèse de leurs entreprises respectives.

Un marché de volume

Immatriculé en mars 2015 avec un siège social dans le 16e arrondissement de Paris, Comuneat avait lancé son offre en juillet de la même année.

En l’état, le périmètre d’exploitation se limite à la capitale. L’heure est plutôt à l’expérimentation d’un système de livraison avec le britannique Stuart, qui a lancé son activité dans la Ville Lumière il y a quelques semaines, s’implantant en parallèle à Londres et à Barcelone.

En test depuis un mois, l’option de livraison n’est pas encore mise en avant dans les CGU de Comuneat. Mais elle est bel et bien accessible lorsqu’on commande un plat, « jusqu’à 60 % moins cher qu’au restaurant », nous précise-t-on.

Dans la pratique, les cuisiniers fixent leurs prix, sachant qu’il leur est recommandé de compter 10 euros pour un menu à deux services (entrée-plat, plat-dessert) et 12 euros pour trois services.

« Les chefs les plus actifs peuvent gagner 100 à 200 euros par soirée », affirme Théo de Bentzmann. Comuneat prélève une commission de 15 à 17 % (légèrement variable « pour avoir un arrondi »).

Casting cuisine

Concernant la livraison, elle peut s’effectuer dans un rayon de 3,5 km autour du domicile du cuisinier sélectionné. Au-delà, les tarifs sont encore trop rédhibitoires. Il y a aussi la solution de se rendre directement chez le particulier avec qui on fait affaire pour récupérer les plats commandés, sachant que pour le moment, le service n’est opérationnel qu’à l’heure du dîner.

Diplômé de l’université de Cambridge et ancien de Barclays, Théo de Bentzmann s’est entouré d’une dizaine de collaborateurs auxquels s’ajoutent des « testeurs mystères » chargés d’appliquer une procédure de « contrôle qualité » des cuisiniers.

Comuneat insiste sur la sélection méticuleuse de ses chefs, du questionnaire initial à l’atelier de formation en passant par les entretiens téléphoniques, la fourniture de contenants alimentaires aux normes et recyclables, ainsi que le recours à des photographes professionnels pour inspecter les cuisines.

Crédit photo : Marian Weyo – Shutterstock.com

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