Larry Page savait-il que l’ingénieur Anthony Levandowski avait en sa possession des secrets industriels relatifs aux technologies de conduite autonome ?
Uber prétend que oui et estime que l’actuel CEO d’Alphabet (maison mère de Google) lui aurait caché la vérité.
Les deux groupes sont engagés, depuis le mois de février, dans une bataille devant les tribunaux américains.
Google avait lancé les hostilités, soutenant entre autres, via sa branche Waymo dédiée à la conduite autonome, qu’Uber avait tiré profit desdits secrets industriels – plus de 14 000 fichiers apportés par Anthony Levandowski – pour le développement de ses véhicules sans conducteur.
Uber ne nie pas qu’Anthony Levandowski, arrivé dans ses rangs à la faveur de l’acquisition de la start-up Otto qu’il avait montée après son départ de chez Google début 2016, ait pu détenir la propriété intellectuelle en question, mais affirme, d’un côté, qu’il ne l’a pas volée et de l’autre, ne jamais en avoir fait usage.
Et de faire figurer, dans un document transmis jeudi dernier à la justice, des e-mails échangés entre son ancien patron Travis Kalanick… et Larry Page.
Apprenant que Google aurait l’intention de lancer un service de transport privé concurrent basé sur des véhicules autonomes, Kalanick aurait, le 7mars 2015, pris contact avec le directeur juridique du groupe Internet : David Drummond, alors membre du board d’Uber du fait d’un investissement.
Soulignant que ses sollicitations à l’adresse de Page étaient restées lettre morte, Kalanick avait fini par obtenir, pour le 10 mars 2015, un rendez-vous au siège de Google.
Une archive Google Agenda témoigne de cette réunion au cours de laquelle Uber a tenté de négocier un partenariat… en vain, Google décidant finalement de poursuivre seul sa route.
Dans ce contexte, Uber se demande dans quelle mesure les plaintes déposées à son encontre sont vraiment motivées par l’affaire des fichiers volés ou si elles visent plutôt à ralentir ses développements dans la conduite autonome. Il est demandé, en conséquence, que Larry Page passe à la barre.
Du côté de Google, l’heure est au recentrage des plaintes. Dans un autre document (PDF, 4 pages) dont Ars Technica se fait l’écho, la firme déclare qu’elle abandonne une partie des poursuites engagées sur une question parallèle au dossier : la violation de plusieurs brevets relatifs à la télédétection par laser (lidar), objet des fichiers prétendument volés par Levandowski.
Des quatre brevets visés, trois sont retirés de la plainte*. Décrivant une méthode de compression de faisceaux laser (9,086,273) et un système de plate-forme lidar conçue pour tourner autour d’un axe (8,836,922 ; 9,285,464), ils sont associés à un design baptisé « Spider ».
Google explique sa décision par le fait qu’Uber a déclaré, sous serment, ne plus utiliser Spider et ne pas avoir l’intention de l’exploiter à l’avenir – tout en précisant qu’aucun prototype fonctionnel n’est jamais né de ce design.
* Le brevet restant est associé à un autre design, appelé « Fuji ».
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