Un site de consultation gratuite de journaux apparu il y a quelques semaines connaît un succès à double tranchant. Le crédo de Mygazines.com est d’encourager les internautes à scanner et à convertir au format PDF les magazines qu’ils possèdent afin de les partager gratuitement sur le web. Un concept qui a de quoi inquiéter la presse écrite, déjà mal en point et très susceptible sur ce sujet.
Essentiellement fréquenté par des utilisateurs anglo-saxons, les titres disponibles sont presqu’exclusivement anglais ou nord-américains. Ainsi, Time, Newsweek, Forbes, The Economist, The New Yorker mais aussi des magazines people sont en accès libre, et il faut l’avouer, agréable à consulter sur le site peaufiné en Flash. Preuve de « l’anticipation » de ses créateurs, Mygazines a même un onglet « family filter », qui empêche l’affichage de contenus réservés aux plus de 18 ans.
Aucun quotidien n’est disponible, l’une des raisons étant liée à la difficulté de scanner des larges formats. Mais quelques revues de pays européens font leur apparition, et au rythme actuel, il faut s’attendre à en voir de plus en plus dans les semaines qui viennent. Le site, dont le slogan est « upload, share, archive » (« télécharge, partage, archive« ), est regardé avec un certain grincement de dents par le monde de l’édition, qui pourtant en a vu d’autres. eBook Factory avait déjà lancé le concept, sans être aussi abouti que Mygazines.
La société est injoignable
Aucune publicité n’est présente sur le site, ce qui n’empêche pas l’entière illégalité de ses activités. Pour les éditeurs, Mygazines n’est rien de plus qu’un site de piratage des journaux sur Internet. Côté américain, les réactions se multiplient face à ce site douteux mais populaire auprès des internautes.
Jeffrey Cunard, spécialisé en droits de la propriété intellectuelle dans un cabinet à Washington, estime que le site ne peut pas se protéger en invoquant le « fair use », qui protège les personnes reproduisant tout ou partie d’un article sous réserve d’y apporter un commentaire ou une critique. Une forme de liberté d’expression protégée par la constitution. Mais ici, « c’est flagrant« , estime l’avocat, « car des pans entiers de magazines sont copiés, ce qui est illégal. » En France, cette pratique est assimilée à la contrefaçon.
Time Warner, propriétaire du magazine Time, a annoncé en début de semaine vouloir faire en sorte de fermer le site. Mais les actions légales risquent d’être périlleuses. Le nom de domaine du site est en effet enregistré dans une île des Caraïbes où le copyright américain n’a pas d’effet, et le site est hébergé sur les serveurs d’une société fondée par les inventeurs de The Pirate Bay, un annuaire de liens Bittorrent considéré comme illégal par les industries du cinéma, de la musique et du jeu notamment, à cause des contenus auxquel il donne accès sans accord de diffusion.
La société est injoignable. Le site soulève la controverse, une stratégie bien connue d’autopromotion: depuis vendredi 15 août, Mygazines.com a doublé le nombre de ses utilisateurs, passant de 16 000 à près de 36 000 membres, jeudi 21 août.
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