Tollé général suite à la découverte d’un test mené à grande échelle (c’est-à-dire sur 689 003 utilisateurs de Facebook) en janvier 2012. Le pot aux roses avait récemment été découvert suite à la publication d’un article dans l’édition du 17 juin de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Consécutivement, les internautes s’étaient émus que Facebook procède à ce test sans même avoir averti les utilisateurs concernés. Il y a quelques jours, l’ICO (Information Commissioner’s Office), l’équivalent de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) au Royaume-Uni, lançait même une enquête sur le sujet.
C’est maintenant au tour de l’EPIC (Electronic Privacy Information Center) de déposer une plainte contre Facebook auprès de la FTC (Federal Trade Commission), l’agence gouvernementale américaine indépendante. Poil à gratter de Google depuis plusieurs années, le groupe d’intérêt public avait ainsi déposé une plainte auprès de la FTC en avril 2007 contre Google. L’EPIC exhortait la Commission à ouvrir une enquête sur le projet d’acquisition de DoubleClick par Google sur fond d’utilisation de données privées. En mars 2009, Google était à nouveau visé par une plainte déposée auprès de la FTC pour déterminer les mesures de protection de la vie privée dans les applications de cloud computing de Google (Picasa, Google Doc et Gmail). La protection des données privées des utilisateurs sont ainsi au coeur des préoccupations du groupe de recherche américain.
C’est aujourd’hui Facebook qui est dans le collimateur de l’EPIC. Des questions vont lui être posées pour déterminer si la société a véritablement enfreint les règles relatives à protection des données privées. Le groupe d’intérêt public américain désirerait également que la FTC force Facebook à rendre public son algorithme qui contrôle ce que les utilisateurs voient dans leur fil d’actualités. Même s’il est fort probable que la société de Mark Zuckerberg n’obtempère pas, Facebook pourrait écoper d’une lourde amende. Dans sa plainte, le groupe privé explique que le réseau social « a délibérément joué avec l’esprit des gens » et qu’il n’avait pas le consentement des utilisateurs pour que leurs données soient utilisées dans cette étude. De surcroît, en 2012, la politique de Facebook sur l’utilisation des données n’indiquait pas qu’elles soient susceptibles d’être utilisées pour la recherche.
De son côté, Facebook campe sur sa position qui consiste à dire qu’en s’inscrivant à Facebook, les utilisateurs acceptent que leurs informations puissent être utilisées « pour améliorer les services offerts ». Au-delà de l’aspect scientifique, Facebook soutient donc mordicus que l’étude avait pour vocation d’améliorer le service.
Une position qui semble un peu cavalière quand on examine le test effectué : son objet et sa manière. Rappelons qu’afin de démontrer la « véracité de la contagion émotionnelle », les contenus « émotionnels » (c’est-à-dire contenant au moins un mot de nature positive ou négative) étaient filtrés sur les fils d’actualité de près de 700 000 utilisateurs non avertis. Les chercheurs ont ainsi mis en évidence que les émotions émises par d’autres individus sur Facebook influencent directement nos propres émotions.
Des émotions d’utilisateurs du réseau social au sentiment de la FTC sur le sujet, il n’y a qu’un pas que la plainte de l’EPIC vient de parcourir. Reste à savoir si la commission américaine sera sensible à la plainte déposée. En juillet 2013, le groupe avait demandé la Cour suprême des États-Unis de mettre un terme à la surveillance nationale de la NSA. Peine perdue puisque le 18 novembre 2013, la Cour suprême des États-Unis avait unilatéralement refusé sans même donner de raison.
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