Contenus TV exclusifs : l’avis de l’Autorité de la concurrence pointe les risques de dérives
Analyse : le nouveau modèle d’Orange qui se lance dans les contenus associé à une « double exclusivité » (distribution et accès-transport) doit être canalisé, au nom de la libre concurrence.
Orange a-t-il été trop loin dans sa stratégie de contenus exclusifs ?
Dans son avis (fichier PDF), l’Autorité de la concurrence affirme son intention d’examiner avec soin la « double exclusivité » qu’elle a identifiée (distribution d’un côté et transport-accès de l’autre) et ses implications.
D’un côté, Orange impose non seulement une exclusivité de distribution avec l’obligation de s’abonner au service télévisuel (modèle similaire au bouquet CanalSat) mais aussi une exclusivité de transport et d’accès avec l’obligation de s’abonner à une offre triple play d’Orange en tant que FAI.
Même si l’avis reste général et n’a pas vocation à sanctionner Orange, l’Autorité de la concurrence porte un intérêt particulier sur deux points relatifs au nouveau modèle de l’opérateur leader en France qui vise à se lancer dans les contenus (acquisition de droits sportifs, séries ou cinéma et lancement de chaînes premium dédiées).
Primo, « est-il de nature à créer une incitation à animer la concurrence sur le marché de la télévision payante, en favorisant l’entrée de nouveaux acteurs ? » . Secundo, « crée-t-il des risques pour la concurrence sur les marchés du haut et du très haut débit, en pouvant fermer ces marchés au détriment des autres opérateurs et des consommateurs ? »
Puissance financière d’Orange « disproportionnée »
Il faut donc endiguer les risques de contagion de la double excluvisité. SFR et Canal+ pourraient adopter une stratégie similaire à Orange. Mais ils sont coincés par les engagements pris lors des rapprochements Canal+/TPS (2005) et SFR/Neuf Cegetel (2007) : les contenus du groupe Vivendi doivent être accessibles par les autres opérateurs. Des limites qui prendront fin respectivement en 2012 et 2013.