Proposer un « nouveau paradigme des données personnelles et de la relation client » : c’est le principal objectif de Cozy Cloud après son deuxième tour de table.
La start-up de Benjamin André (CEO), Frank Rousseau (CTO) et Tristan Nitot (directeur produit ; ex-Mozilla) a levé 4 millions d’euros auprès de MAIF et d’Innovacom*, qui avait emmené, en 2014, une première opération de financement aux côtés de Seed4Soft.
À la base, Cozy Cloud porte, sous la bannière « Self-data », une philosophie de réappropriation, par les individus, de leurs données personnelles aujourd’hui captives de différents acteurs ; en l’occurrence, les GAFA.
La solution de cloud personnel qui met cette philosophie en œuvre s’appuie sur une plate-forme open source décentralisée, hébergée sur un serveur propre à l’individu, chez lui ou chez un tiers de confiance (parmi lesquels Gandi et OVH).
À travers un système de connexion aux API tierces, ce serveur a vocation à agréger toutes les données personnelles de l’utilisateur (messagerie électronique, agenda, comptes en banque, factures, data issue d’objets connectés…) au sein d’un pool data exploitable par un catalogue de services et d’applications distribués via une marketplace.
Dans le modèle qu’envisage Cozy Cloud, c’est sur cette marketplace de type App Store ou Google Play que les grands comptes vont venir déployer leurs applications de service client.
En d’autres termes, il s’agir de placer l’espace client… chez le client. Dès lors, l’application a accès, sous réserve de consentement explicite, aux données agrégées sur l’environnement de cloud privé par les autres applications installées. L’entreprise peut ainsi y distribuer des services « en aveugle » sans que la data en sorte et sans avoir à stocker la moindre information.
La démarche, teinte de vie privée et de souveraineté, vise à court-circuiter les GAFA, lesquels ont fait de la collecte de données personnelles leur cœur de métier.
Elle pourrait, dans la pratique, permettre à EDF de couper le chauffage s’il repère des vacances dans le calendrier d’un utilisateur. Ou à un assureur de proposer le report d’une mensualité dans le cas où elle ferait passer le compte du client dans le rouge, comme le souligne NextInpact.
Du côté de MAIF, on se dit « [convaincu] de la capacité de Cozy à être disrupteur sur le sujet sensible des données personnelles en ouvrant la voie d’une relation client numérique basée sur la confiance ». En ligne de mire, 3 millions de sociétaires.
* MAIF injecte 3 millions d’euros. Le reste provient d’Innovacom, qui compte dans son portefeuille des sociétés comme Inventel (racheté en 2005 par Thomson), Business Objects (passé en 2008 dans le giron de SAP) et AuFeminin.com (acquis par Axel Springer en 2007).
Crédit photo : BsWei – Shutterstock.com
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