Le créateur de Bitcoin vient-il de faire son coming out en la personne de Craig Steven Wright ?
L’étau s’était déjà resserré en fin d’année dernière sur ce résident australien après la publication d’une enquête de Wired, suivie à quelques heures d’intervalle par celle de Gizmodo.
Autodidacte multidiplômé, codeur invétéré, expert du chiffrement, amateur de culture japonaise, de sensibilité antiautoritaire et défenseur de l’or comme instrument financier : dans l’absolu, l’intéressé, tel qu’il se présente, a le profil du métier.
Déclarant, sur son blog, avoir décidé « à regret » de lever le voile, il s’est entretenu en parallèle avec plusieurs médias, dont la BBC et l’Economist.
« Si je signe ‘Craig Wright’, ça n’a pas le même effet que si je signe ‘Craig Wright, Satoshi’ », écrit-il en faisant référence à Satoshi Nakamoto, le pseudonyme historiquement attribué au créateur de Bitcoin.
Précisant avoir été « discret, mais pas absent » (le fameux Satoshi Nakamoto avait pris du recul en 2011, près de trois ans après la mise en ligne de la première version du protocole Bitcoin), le serial-entrepreneur âgé de 45 ans publie plusieurs fragments de code censés illustrer qu’il est bien celui qu’il prétend.
Tout en prouvant à la BBC qu’il a accès à des bitcoins que l’on sait appartenir à Satoshi Nakamoto*, il assure ne pas avoir été seul au démarrage de l’aventure. Et d’ajouter : « Je ne veux ni l’argent, ni la célébrité. Je veux juste qu’on me laisse tranquille ».
Craig Steven Wright n’a jamais, durant ses années d’implication, rencontré directement les contributeurs au projet Bitcoin. Mais nombre d’entre eux – dont Jon Matonis et Gavin Andresen, respectivement économiste et directeur scientifique au sein de la Fondation Bitcoin – estiment qu’il s’agit bien de la personne avec laquelle elles ont travaillé à la genèse de la crypto-monnaie.
Tout n’est cependant pas clair comme de l’eau de roche. Plusieurs éléments laissent aujourd’hui encore supposer d’un éventuel hoax monté de toutes pièces.
Notamment le fait que certaines contributions blogs d’intérêt aient été éditées a posteriori pour ajouter des détails. Ou encore l’impossibilité de confirmer l’ensemble des diplômes que l’intéressé dit détenir (voir notre article « Craig Steven Wright : quelque chose cloche avec le prétendu ‘M. Bitcoin’ »).
Pour autant, de multiples indices concordent. Entre autres ce brevet déposé à son nom et décrivant « un système, une méthode et un logiciel informatique permettant de gérer un registre ». Ledit registre pouvant être la blockchain, sur laquelle sont enregistrées toutes les transactions en bitcoins.
Craig Steven Wright a promis, pour écarter tout soupçon, de publier davantage d’informations. En l’état actuel, il n’a pas apporté les preuves supplémentaires que lui a notamment demandées l’Economist – lequel estime qu’il sera difficile d’établir définitivement la paternité de Bitcoin.
Le mystère demeure tout particulièrement sur ce bloc de 1,1 million de bitcoins qui n’a pas bougé depuis 2009. Craig Steven Wright aurait convenu, avec son ami et confident David Kleiman (informaticien mort en 2013) de la constitution de ce fonds « gelé » jusqu’au 1er janvier 2020, à quelques exceptions près, dont l’investissement sur la recherche dans les réseaux P2P.
L’homme se serait impliqué dans l’écosystème Bitcoin au point d’hypothéquer trois propriétés, mais aussi d’investir plus d’un milliard de dollars en puissance de calcul et en connectivité, jusqu’à installer de la fibre optique dans sa maison de campagne australienne.
* Satoshi Nakamoto a déjà été présenté comme un sociologue finlandais, un étudiant irlandais ou encore un mathématicien japonais. On a un temps supposé qu’il se trouvait en Amérique, vu l’heure à laquelle il envoyait ses e-mails. Ou au Royaume-Uni, à cause de ses expressions très « british ».
Crédit photo : Hadrian – Shutterstock.com
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