Create remplace Mac World New York
De l’ordre, de la régularité et du spectacle ! Voilà ce à quoi ont eu droit, jusqu’en 2001, les aficionados du Mac. Mais depuis le 11 septembre de ladite année, force est de constater que le chaos règne dans les événements orchestrés autour du monde Apple. Dernière victime en date : MacWorld New York.
C’est dit, c’est fait : MacWorld New York change de nom, de look et de cible. La grand-messe estivale de l’univers du Mac, qui rassemblait près de 80 000 visiteurs et donnait souvent le la en termes d’innovation, n’existe plus. A sa place, l’organisateur IDG World Expo, fortement inspiré par Apple, se réoriente sur le coeur de métier originel de la Pomme : la création. Et de mettre en avant le nom du nouvel événement qui vient remplacer MacWorld : « Create ». Le salon se tiendra du 14 au 18 juillet à New York, toujours au célèbre Jacob Javits Center. S’il attire autant de monde que prévu, il pourrait être renouvelé l’année prochaine et se tenir à Boston, où MacWorld était initialement prévu. L’information, révélée par le site de rumeurs Think Secret, a été rapidement confirmée par les organisateurs dans le courant de la semaine. En attendant, Create se concentrera sur les métiers des arts graphiques, de la publication et de l’édition, ainsi que de l’audio et de la vidéo? Il est très probable que Quark (voir édition du 20 janvier 2003) profite de l’événement pour lancer sa version de Xpress pour Mac OS X. Une tribune qui pourrait lui donner les moyens de limiter la casse. Pour Apple, il y a fort à parier que Create soit destiné à démontrer son retour en force sur les marchés de l’industrie de la culture, où la firme autrefois dominante s’est vue fortement concurrencée. On peut s’attendre au lancement de nouvelles applications, tout autant que d’une démonstration de nouvelles machines que la firme pourrait présenter à la WWDC (voir édition du 24 mars 2003).
Reste que la disparition de MacWorld New York intervient après une série rocambolesque d’échanges particulièrement bien sentis entre Apple et IDG et, surtout, après un désintérêt progressif de la firme de Cupertino pour les différentes expositions organisées autour de son univers. Les attentats du 11 septembre et ses difficultés de résistance à la concurrence des PC sur la question des processeurs sont sans doute en partie pour quelque chose dans les choix réalisés par Apple, tout autant que le retournement de conjoncture connu par le secteur de l’informatique et la modification structurelle des marchés atteints par la firme. On note aussi les coûts des exposants dans une ville où le prix des assurances, des chambres d’hôtels et le coût de la vie en général ont augmenté sensiblement depuis deux ans. Mais la segmentation des gammes d’ordinateurs joue sans doute un rôle prépondérant dans ces choix. En effet, contrairement à l’année 2001, où Apple ne disposait que d’une grille assez simple de ses gammes de produits (machines de bureau et portables), elle dispose depuis 2002 d’une gamme complexe, dont la diversité l’oblige à remettre en cause sa participation à des événements généralistes tels que les MacWorld. Si le cycle de présence d’Apple à ces grands raouts se déclinait avec régularité jusqu’en 2001 – MacWorld San Francisco, MacWorld Tokyo, WWDC, MacWorld New York, Seabold, Apple Expo, QuickTime Live (voir édition du 27 février 2003) et quelques salons connexes beaucoup plus professionnels – ce n’est plus le cas depuis l’annulation de l’Apple Expo 2001 !
Priorité aux événements professionnels
MacWorld Tokyo 2003 a bizarrement été la première victime des annulations d’événements (voir édition du 17 décembre 2002). Difficile à expliquer autrement que pour des questions de coûts, car l’exposition drainait près de 100 000 visiteurs par an. Mais les avertissements d’Apple par le biais de son PDG n’ont pas manqué : en fait, depuis que la firme a ouvert son réseau d’Apple Stores, Steve Jobs a fait régulièrement le parallèle entre les participations aux expositions et le nombre de visites de ses magasins (voir édition du 12 février 2003). Apple entend donc très clairement segmenter aussi – tout du moins aux Etats-Unis dans un premier temps – sa présence aux différents événements de l’année. Il semble que dans l’esprit de la firme, ses magasins servent désormais de salons permanents, offrant aux visiteurs, badauds et autres aficionados le moyen d’essayer, de voir et d’acquérir les produits du monde Mac. Voilà pour le grand public. Pour les professionnels, c’est une toute autre histoire. L’achat des matériels proposés par la Pomme repose sur des choix rationnels, comparant coût, efficacité et services. D’où la nécessité d’être présent dans des événements d’envergure et de se confronter à la concurrence directe des autres constructeurs. Apple est ainsi présente à la NAB (National Association of Broadcasters, spécialisée dans la vidéo) du 7 au 10 avril prochain, à Real World Linux, à quelques conférences ou expositions sur l’éducation, au BioITWorld spécialisé dans les technologies liées aux sciences de la vie, à JavaOne et à la WWDC en juin . Sans compter les événements locaux, conférences de présentation, démonstrations, sessions organisées dans ses Apple Stores… En France, Apple participe au Medec, l’exposition des professionnels de la santé, mais aussi à Linux Expo, et sera présente à la journée OSX 2003 organisée le 29 mars par l’Epita et MacStudent. Conclusion : la Pomme paraît considérablement modifier sa présence à des salons et il ne serait pas étonnant de la voir annoncer d’autres réductions. Gardera-t-on l’Apple Expo ? Pour le moment, seul MacWorld San Francisco semble préservé. Pour garder l’esprit grand-messe d’autrefois ?